Le prédicateur britannique Anjem Choudary condamné pour soutien à l’Etat islamique
Le prédicateur britannique Anjem Choudary condamné pour soutien à l’Etat islamique
Le Monde.fr avec AFP
Personnalité très médiatique, le prédicateur radical Anjem Choudary avait échappé jusqu’ici à la justice, malgré l’interdiction des différentes organisations extrémistes qu’il avait créées. Il encourt jusqu’à dix ans de prison.
Anjem Choudary, le 3 avril 2015. AP Photo/Tim Ireland | Tim Ireland / AP
L’un des prédicateurs radicaux les plus célèbres du Royaume-Uni a été reconnu coupable de soutien à l’Etat islamique, annonce le Guardian de mercredi 16 août. Le procès du prédicateur a eu lieu en juillet, mais le verdict ne pouvait être révélé avant le 16 août, précise le quotidien.
Le très médiatique Anjem Choudary a été condamné après que les jurés l’ont entendu prêter allégeance à l’Etat islamique dans des vidéos diffusées sur Youtube. M. Choudary et son coaccusé, Mohammed Rahman, y ont encouragé leur public à obéir à Abou Bakar Al-Baghdadi, le chef de l’Etat islamique, et à se rendre en Syrie pour soutenir l’organisation.
M. Choudary et M. Rahman encourent jusqu’à dix années de prison pour avoir encouragé à soutenir l’organisation terroriste. Le juge devrait déterminer la durée de la peine le 6 septembre. Au cours de son procès, M. Choudary a nié avoir invité à soutenir l’Etat islamique et a affirmé être un « expert de la charia » qui voulait offrir une « perspective islamique ».
Une figure du « Londonistan »
Britannique d’origine pakistanaise, avocat de formation, Anjem Choudary est une personnalité médiatisée au Royaume-Uni, connue pour ses positions radicales depuis les années 1990. Malgré l’interdiction des diverses organisations qu’il a fondées, il était l’un des derniers représentants du « Londonistan », le milieu de l’islam radical londonien, à avoir échappé à la justice.
En 1996, il avait créé avec Omar Bakri Mohammed l’organisation islamiste Al-Muhajiroun, qui fit l’apologie du 11-Septembre avant d’être interdite en 2004. Il a ensuite lancé le groupe Islam4UK, également interdit en 2010.
Le nom d’Anjem Choudary apparaît dans plusieurs affaires terroristes, dont l’attaque de Woolwich, en 2013, où deux hommes ont assassiné un militaire en civil. Anjem Choudary avait alors admis qu’il connaissait l’un des tueurs, Michael Adebolajo, qui « participait » aux activités du groupe Al-Muhajiroun avant son interdiction.
Il est également soupçonné d’avoir inspiré la création du mouvement Sharia4Belgium, déclinaison belge d’Islam4UK, condamnée depuis pour avoir organisé une filière de recrutement de djihadistes belges vers la Syrie.
Dean Haydon, le chef de la cellule antiterroriste de Scotland Yard, a déclaré : « Ces hommes ont joué avec la loi pendant de nombreuses années, mais personne au sein des services antiterroristes n’a de doute sur leur influence, sur la haine qu’ils ont répandue et sur le fait qu’ils ont encouragé des personnes à rejoindre des organisations terroristes ».
Un défenseur de l’EI
Au cours de son procès, M. Choudary a admis qu’il était le porte-parole d’Islam4UK, à une époque où le groupe diffusait des « communiqués incendiaires » appelant à transformer Buckingham Palace en mosquée et à détruire la colonne Nelson sur Trafalgar Square. Le 7 juillet 2014, date du neuvième anniversaire de l’attentat de Londres, Anjem Choudary et Mohammed Rahman ont posté sur Youtube un message d’allégeance à l’organisation Etat Islamique, qui venait de proclamer le « califat » sur les territoires qu’elle occupait, le 29 juin 2014. Entre août et septembre 2014, les deux hommes ont continué à poster des vidéos de soutien.
De nombreux enregistrements ont été diffusés au cours du procès. L’un d’entre eux, une vidéo de plus d’une heure mise en ligne le 9 septembre 2014, explique pourquoi l’Etat Islamique remplit les critères d’un « califat légitime ». Devant la cour, Anjem Choudary s’est défendu en disant : « il existe un Etat islamique dans lequel des millions de gens vivent selon la charia, et je ne crois pas que ce soit contre la loi de partir et d’aller vivre là-bas selon les règles de la charia. »
Mais le procureur a précisé à la cour que les accusés ne pouvaient ignorer les implications potentiellement criminelles de déclarer publiquement leur soutien à l’Etat islamique, « en particulier après que l’organisation a été classée organisation terroriste par le ministère de l’intérieur ». « Les organisations terroristes prospèrent et grandissent parce que des gens les soutiennent, et c’est de cela dont il s’agit dans ce cas » a-t-il précisé. « Ne confondez pas la liberté de culture avec le fait de soutenir le soi-disant califat ».