Theresa May et Donald Trump à Hambourg, au sommet du G20, le 8 juillet. | CARLOS BARRIA / REUTERS

Theresa May n’avait pas besoin de cela : elle qui s’était précipitée à la Maison Blanche une semaine après l’investiture de Donald Trump, pour se poser en amie fidèle et l’inviter à Londres, s’est fait griller la politesse, qui plus est par la France. Le président américain a renoncé à la visite d’Etat au Royaume-Uni qu’il avait acceptée en janvier. Un tour dans le carrosse doré avec la reine n’était pas pour lui déplaire, mais l’accueil des cousins britanniques s’annonçait peu chaleureux. Une coalition « Stop Trump » menaçait de manifestations monstres et le speaker (président) de la Chambre des communes, le conservateur John Bercow, s’est même déclaré « fortement opposé » à une prise de parole de M. Trump au Parlement de Westminster.

Le retrait américain s’est opéré en silence. Mi-juin, lors d’une conversation téléphonique avec Mme May rapportée par le Guardian, le président lui a annoncé qu’il renonçait en raison des marques d’hostilité et, le 21 juin, la visite n’a pas été mentionnée dans le discours de la reine. Le voyage officiel serait remis à 2018, même si M. Trump pourrait visiter d’ici là l’un des deux golfs qu’il possède en Ecosse.

Tweet railleur

Entre-temps, le président américain a multiplié les gestes inamicaux. Au lendemain de l’attentat du 22 mai à Manchester, le nom du poseur de bombe, que la police britannique ne souhaitait pas divulguer, s’est retrouvé dans les médias américains, citant une source officielle américaine. Le Tweet du président raillant le maire musulman de Londres, Sadiq Khan, après l’attentat islamiste de London Bridge le 3 juin, a paru largement déplacé, même si Mme May n’a pas dit un mot pour le critiquer. Au même moment, la poignée de main virile d’Emmanuel Macron a remis en mémoire la séquence de janvier, quand Donald Trump prenait la main de la première ministre à la Maison Blanche. Le geste de complicité est devenu signe de soumission.

« Il n’y a pas de relation que nous chérissons plus que la “relation spéciale” entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni », a affirmé le président américain, comme pour se rattraper après le premier accroc. Mais son imprévisibilité et son impopularité au Royaume-Uni mettent en cause cette « relation particulière » dont se prévalent les Britanniques, et que le Brexit – salué par M. Trump – rend vitale si Londres veut éviter un isolement complet. Pour Mme May, l’enjeu principal est la négociation d’un accord de libre-échange avec Washington. Au G20 de Hambourg, le président américain l’a promis « très rapidement », mais personne ne sait s’il a la moindre idée de la complexité de l’exercice.