En Louisiane : « Notre vie est sur le bord du trottoir, prête à être ramassée par les ordures »
En Louisiane : « Notre vie est sur le bord du trottoir, prête à être ramassée par les ordures »
Barack Obama est attendu mardi à Bâton-Rouge pour exprimer sa solidarité aux habitants des communes touchées par les inondations des derniers jours.
Louisiane : l’eau se retire, le bilan est dramatique
Durée : 01:00
« La pire catastrophe naturelle depuis Sandy » – ouragan qui avait ravagé la côte nord-est des Etats-Unis en octobre 2012 –, selon les termes de la Croix-Rouge américaine, a laissé des dizaines de milliers d’habitants de Louisiane désemparés. Treize personnes ont été tuées et près de 40 000 habitations ravagées par les inondations qui ont frappé cet Etat au cours des derniers jours.
Alors que le président Barack Obama est attendu, mardi 23 août, à Bâton-Rouge, résidents et responsables locaux constatent les dégâts. Le locataire de la Maison Blanche a fait déclarer sinistrées 22 paroisses – l’équivalent en Louisiane des comtés – sur les 64 que compte l’Etat. Pour l’heure 86 000 personnes ont demandé des aides fédérales, un chiffre qui devrait encore augmenter.
La situation ravive surtout le traumatisme de Katrina, ouragan qui avait dévasté la région en 2005. « Ce que beaucoup de gens ne réalisent pas, c’est que de nombreuses personnes avaient fui La Nouvelle-Orléans après Katrina et reconstrui leur vie à Bâton-Rouge », fait valoir Audrey Hayworth, une mère de famille installée dans la ville, auprès de NBC.
« Certaines familles ont presque tout perdu il y a onze ans, elles ont reconstruit leurs vies (…) pour tout reperdre encore une fois en quelques heures. »
Interrogé par CNN, Tommy Owens a vécu les deux catastrophes. Ce garde national se souvient avoir été déployé, en 2005, pour aider les habitants de Chalmette a regagné leurs logements après l’ouragan. Il raconte l’histoire de cette dame, vraisemblablement octogénaire, qui l’avait abordé en lui disant : « Je veux me tirer une balle. » Et cette dernière de lui expliquer : « Qu’est-ce que je vais devenir ? Nous n’avons rien. Nous avons tout perdu. » « Je ressens la douleur de cette femme, pas de manière aussi violente, mais je comprends ce qu’elle a enduré », raconte-t-il après avoir découvert l’état de sa maison de South Point après les inondations de ce mois d’août.
« Tout a disparu juste devant vos yeux »
A South Point, en Louisiane, le 22 août. | JONATHAN BACHMAN / REUTERS
Austin Schexnayder, habitant de Denham Spring, est encore sous le choc : « Tout ce pour quoi nous avons travaillé, tout à disparu juste devant vos yeux. » « Ma sérénité a disparu », confie Laytrom Rheams, qui réside à Bâton-Rouge. A Walker, ville de 6 000 habitants à l’est de la capitale de la Louisiane, des tas d’affaires en tous genres, gorgées d’eau et souvent recouvertes de boue, s’empilaient devant les maisons. Chuck et Karen Craft, originaires de cette commune, ont expliqué à ABC avoir longtemps pleuré en découvrant que leur maison était irréparable. Actuellement hébergés chez des proches, le couple résume :
« Notre histoire n’est pas différente de celle des gens que vous croisez sur la route. Notre vie à tous est sur le bord du trottoir, prête à être ramassée par une benne à ordures. »
Le gouverneur de Louisiane, John Bel Edwards, a lancé un appel aux volontaires pour aider à nettoyer les maisons endommagées. « Tout le monde ne peut pas faire ça seul », a-t-il insisté et d’encourager les gens à se rendre sur le site VolunteerLouisiana.gov. De nombreux habitants et responsables locaux ont regretté le manque d’attention médiatique, qui aurait pourtant aidé, selon eux, à rapporter davantage de dons en faveur des victimes.
D’ailleurs, Barack Obama a essuyé une vague de critiques pour n’avoir pas exprimé assez de solidarité envers les sinistrés et n’écourtant pas ses vacances pour se rendre à leur chevet. « Le président a dit qu’il ne voulait pas venir, il essaie de finir une partie de golf », a ironisé le candidat républicain Donald Trump, selon la chaîne ABC News. Le magnat de l’immobilier et son colistier Mike Pence se sont eux rendus sur place.
Selon une première analyse des conséquences de cette catastrophe effectuée, vendredi, par la chambre de commerce à Bâton-Rouge, les dégâts des inondations pourraient être bien supérieurs qu’estimés jusqu’alors, avec 110 000 maisons potentiellement endommagées, beaucoup sans assurances.