Week-end politique musclé à droite comme à gauche
Week-end politique musclé à droite comme à gauche
Le Monde.fr avec AFP
Primaire à droite, compétition à la gauche du gouvernement… les aspirants à l’Elysée ont animé ces deux jours.
Alain Juppé, candidat à la primaire à droite, fait sa rentrée politique au cours d'une réunion de ses supporters à Chatou, samedi 27 août 2016. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCHPOLITICS POUR LE MONDE
A droite comme à gauche, ce week-end a marqué la rentrée politique avec nombre de meetings, rencontres et discours des principaux aspirants à l’Elysée. A droite, c’est la campagne pour la primaire de novembre qui a animé les interventions des candidats ; à gauche, la compétion à la gauche de la politique gouvernementale.
Primaire de droite : les candidats prêts à en découdre
A droite, à trois mois de la primaire, les principaux candidats se sont livrés à de premiers échanges musclés qui annoncent une campagne animée.
- Alain Juppé veut garder la « ligne » face à « l’agitation »
Lors de sa rentrée politique à Chatou, dans les Yvelines, Alain Juppé s’est démarqué de son principal rival, Nicolas Sarkozy. Il n’a pas l’intention de se laisser entraîner sur le terrain identitaire et clivant de l’ancien chef de l’Etat.
« Je vais poursuivre une campagne qui me ressemble. Ma campagne, pas celle d’un autre. Je ne vais pas dire à chacun ce qu’il a envie d’entendre pour mieux le séduire à court terme et mieux le décevoir ensuite. Je refuserai toujours d’instrumentaliser les peurs, de flatter les bas instincts. »
L’ancien premier ministre s’est aussi prononcé, samedi, dans le Figaro contre une loi interdisant le burkini pour ne pas jeter de « l’huile sur le feu », contrairement aux sarkozystes qui ont l’intention de déposer une proposition de loi sur ce sujet.
- Nicolas Sarkozy prêche l’unité en attaquant ses rivaux
Nicolas Sarkozy au Touquet, le 27 août. | PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS
Jurant « ne pas être revenu pour régler des comptes avec qui que ce soit », l’ancien président a pourtant copieusement attaqué ses concurrents pour la primaire lors d’un meeting au Touquet, samedi. A commencer par son principal rival, Alain Juppé, à qui il a de nouveau reproché d’être partisan de « compromis » avec le communautarisme musulman avec son concept d’« identité heureuse ». « Certains voient une identité heureuse, d’autres, comme moi, ont un regard plus réaliste », a prétendu celui qui a de nouveau dénoncé « la tyrannie des minorités ». Et réaffirmé sa volonté d’instaurer une loi interdisant le burkini « sur les plages et dans les piscines de France », ainsi que le voile, que ce soit à l’école, à l’université ou dans les administrations.
- Bruno Le Maire renvoie dos à dos Sarkozy et Juppé
Bruno Le Maire à Aigues-Mortes, le 24 août. | SYLVAIN THOMAS / AFP
Troisième homme fort de la primaire à droite, Bruno Le Maire a renvoyé dimanche dos à dos les discours « toujours plus brutaux » de Nicolas Sarkozy et « l’immobilité heureuse » d’Alain Juppé, qui le devancent dans les intentions de vote pour la primaire de la droite.
L’ancien ministre de l’Agriculture s’est dit confiant en ses chances de victoires : « Ne doutez pas un instant de ma détermination (…) Nous irons chercher cette victoire », a-t-il déclaré. « C’est vrai qu’il y a des différences profondes entre un ancien président de la République, un ancien Premier ministre et ce que je propose. »
« Je vois d’un côté des discours toujours plus durs, toujours plus violents, toujours plus brutaux, qui se solderont inéluctablement par toujours plus de déceptions, et de l’autre côté, l’immobilité heureuse », a-t-il ajouté. « Eh bien je pense qu’entre ces deux options, il y a de la place pour un espoir. »
- Fillon évoque les « affaires » de Sarkozy et veut revoir l’enseignement de l’histoire
François Fillon à Sablé-sur-Sarthe, le 28 août. | JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
L’ancien premier ministre, qui n’arrive qu’en quatrième position dans les intentions de vote pour la primaire mis en doute dimanche la légitimité de la candidature de Nicolas Sarkozy, sans jamais citer le nom de l’ancien chef de l’Etat, dans une violente charge devant ses partisans rassemblés dans son fief de Sablé-sur-Sarthe (Sarthe).
« Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs (...). Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. Qui imagine un instant le général de Gaulle mis en examen ? »
Exposant les grandes lignes de son programme, François Fillon a notamment proposé des pistes pour « retrouver la fierté d’être Français ». « Je veux traquer toutes les démissions de la société française et d’abord celle de l’école ». Il s’agit donc de « revoir l’enseignement de l’Histoire à l’école primaire », ce afin que les maîtres ne soient « plus obligés d’apprendre aux enfants à comprendre que le passé est source d’interrogations ». « Faire douter de notre histoire : cette instruction est honteuse ! »
Compétition à la gauche du gouvernement
- Jean-Luc Mélenchon craint pour ses parrainages
Jean-Luc Mélenchon à Toulouse, le 28 août. | REMY GABALDA / AFP
Chef de file dans les sondages de la gauche anti-Hollande, Jean-Luc Mélenchon a tenté dimanche, pour son discours de rentrée à Toulouse, de se hisser au-delà de la « farce » du burkini pour revenir au cœur de son programme à la présidentielle : la lutte contre le « règne de l’argent ».
« La République garantit avant toute chose, et avant même la laïcité qui n’a rien à voir avec les plages, la liberté de conscience », a-t-il martelé, dénonçant les « petits tyrans des plages » qui voudraient une loi sur le burkini. « Où va-t-on ? On va faire une police des vêtements pour mesurer la hauteur des jupes… » La polémique burkini ainsi balayée, le tribun de l’extrême gauche a pu revenir à son programme pour la présidentielle, qui sera dévoilé plus précisément lors de la première convention nationale de son mouvement, mi-octobre à Lille. Il a redit son rejet de la primaire organisée par le Parti socialiste :
« Si nous n’allons pas à la primaire, c’est parce que nous ne sommes pas d’accord pour en respecter le résultat s’il ne nous convient pas. Si le président François Hollande ou le Premier ministre Manuel Valls la gagnent, jamais nous ne ferons campagne pour eux. »
Evoquant le meeting de rentrée du gouvernement, qui se tient lundi dans la banlieue de Toulouse, M. Mélenchon a raillé : « Ils vont commencer la tournée d’adieu à Colomiers ».
Jean-Luc Mélenchon, qui était arrivé en quatrième position au premier tour de la présidentielle de 2012 avec 11,1 % des suffrages exprimés, a cependant reconnu qu’il n’avait recueilli à ce jour que 200 des 500 parrainages d’élus requis pour se présenter à la présidentielle.
« La marche reste haute, mes amis, je ne veux pas vous le cacher (…) C’est difficile », a-t-il dit à ses partisans qu’il a appelé à se mobiliser.
- Benoît Hamon se voit en rassembleur
A Saint-Denis, le 28 août. | LIONEL BONAVENTURE / AFP
L’ancien ministre de l’éducation Benoît Hamon a souhaité, dimanche à Saint-Denis où il réunissait ses soutiens, se positionner comme un rassembleur de la gauche, fustigeant l’idée de Manuel Valls selon laquelle les gauches seraient « irréconciliables ». « Jamais un programme commun de la gauche n’a été si facile, ne serait si facile à écrire », a-t-il déclaré.
Sans atteindre la virulence d’un Arnaud Montebourg la semaine dernière, l’ancien ministre de François Hollande n’a pas pris de gant pour dénoncer « l’échec du quinquennat » du président de la République : en reprenant à la droite ses idées plutôt que celles pour lesquelles elle avait été élue, la gauche a « ajout (é) à l’échec économique et social la défaite morale », a-t-il dénoncé.
Sans le nommer, M. Hamon s’est par ailleurs efforcé de se démarquer d’Arnaud Montebourg, entré en campagne la semaine dernière : « Je veux ici rappeler mon hostilité à l’exploitation des gaz de schiste et mon engagement à réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique. » Une référence aux positions passées de l’ancien ministre du redressement productif.