La RATP veut prévenir les accidents bêtes (et parfois mortels) dans le métro et le RER
La RATP veut prévenir les accidents bêtes (et parfois mortels) dans le métro et le RER
LE MONDE ECONOMIE
La société de transport parisien dénombre un accident par jour à cause d’un comportement inapproprié.
La RATP a lancé lundi 29 août une campagne de prévention des comportements à risque. | ERIC PIERMONT / AFP
Soudain, une hôtesse de l’air en tenue pastel surgit dans le wagon du métro parisien. « Pour votre sécurité sur l’ensemble du réseau, merci de nous accorder quelques instants. » Et la jeune femme se met à réciter des consignes de sécurité aux usagers surpris et amusés. Des dizaines de voyageurs auront été témoin de ces petits shows, lundi 29 août, sur les lignes 6 et 9 du métro et la ligne A du RER. Le spectacle n’est ni une blague ni du théâtre sauvage, encore moins un happening artistique, mais le coup d’envoi de la campagne de prévention des comportements à risque que lance la RATP.
Sur un ton volontairement humoristique et décalé, l’opérateur de transport a choisi de faire savoir au public que l’imprudence dans les rames et dans les stations était dangereuse. La RATP dénombre un accident par jour à cause d’un comportement inapproprié : courir dans les escaliers, faire du roller sur le quai, descendre sur les voies pour récupérer son smartphone, sortir son bras du train en marche ou, tout simplement, tenter de monter après le déclenchement du signal sonore.
« Une dizaine de décès par an »
La majorité de ces accidents bêtes finissent par une très grosse frayeur ou un petit bobo. Mais pas tous. « Le métro a beau rester un mode très sûr de déplacement, indique Philippe Martin, directeur général adjoint de la RATP, responsable des opérations de transport et de maintenance. Nous déplorons une dizaine de décès par an à cause de prises de risques parfois insensées. » Un chiffre à rapporter au nombre total de voyages en métro et RER : 7 millions par jour, 2,5 milliards par an.
Même si le chiffre d’environ 400 accidents par an est stable depuis plusieurs années, la société de transport parisienne a décidé de mettre le paquet sur cette thématique. Elle se veut discrète sur le coût de la campagne conçue par l’agence HavasParis, mais les moyens sont là : affichage grand format dans les stations, vidéo destinée à devenir virale sur les réseaux sociaux, agents mobilisés vendredi 2 septembre dans les grandes gares.
« Nous n’avions jamais communiqué sur ce thème », remarque Anaïs Lançon, directrice de la communication et de la marque. Ce sont surtout des demandes remontées du terrain qui ont convaincu la direction de la RATP de mener cette opération. « Nos agents se sentent souvent démunis par les comportements de certains voyageurs, qui, par manque d’attention ou de vigilance, prennent de vrais risques, détaille Mme Lançon. Ils ont demandé à l’équipe communication de la RATP de faire passer le message de la prévention. »
Un précédent en Australie
Les agents eux-mêmes peuvent être choqués par des scènes dont ils sont témoin. Certes rares, les blessures graves ou mortelles liées à ces imprudences se comptent quand même par dizaines, sans parler des suicides, qui provoqueraient entre 20 et 30 décès par an sur le réseau, selon la RATP.
Pour le coup, la régie n’a pas souhaité se lancer dans une campagne trash. Elle a préféré l’ironie légère et l’analogie avec le transport aérien où le voyageur a sans cesse la sécurité à l’esprit. Elle espère connaître le succès d’une campagne lancée en 2012 par le métro de Melbourne (Australie) qui avait aussi choisi l’humour pour prévenir les accidents sur ses lignes. L’opération « Dumb ways to die » (« des façons stupides de mourir ») a été une réussite. Le petit film réalisé à l’occasion a fait 137 millions de vues sur le Web à ce jour, et le nombre d’accidents aurait baissé de 30 % après la campagne.
Dumb Ways to Die
Durée : 03:02