Les élèves du collège Jean-Rostand attendent à l’extérieur, lors de la visite du président de la République François Hollande, le 1er septembre 2016. | GUILLAUME SOUVANT / AFP

Comment se passe la mise en place de la réforme du collège dans votre établissement ?

Denis Ferault, principal du collège Barbara à Stains (Seine-Saint-Denis) : Les professeurs de mon établissement sont prêts pour les nouveautés de la réforme du collège : nous mettons notamment en place l’accompagnement personnalisé, des heures dédiées au sein des disciplines pour prendre en charge les difficultés de certains élèves ou, au contraire, mener des projets avec ceux qui sont plus avancés. Nous travaillons par groupes de compétences, sur des périodes de six semaines.

Comment mettez-vous en place les fameux enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) ?

Dans mon collège, les élèves bénéficieront de ces EPI sur trois thématiques en 5e (Développement durable, Langues et culture étrangère, Langues et culture de l’Antiquité), lesquelles réunissent souvent trois disciplines. Deux thématiques sont prévues en 4e : Sciences et société d’une part et Corps, santé et sécurité d’autre part, et enfin deux en 3e : Culture et création artistique, et Monde économique et professionnel.

Concrètement, concernant l’EPI Langues et culture étrangères, les élèves vont préparer un carnet de voyage et un blog, et certains partiront en Andalousie. Pour l’EPI Sciences et société, des études météorologiques sont prévues, avec mise en place d’une station, relevé des températures, analyse statistique, et enfin, présentation de ce travail dans un diaporama.

Les professeurs vont-ils supprimer les notes chiffrées ? N’est-ce pas préjudiciable aux élèves ?

La réforme ne supprime pas les notes, mais elle prévoit aussi une évaluation par compétence, permettant à l’élève de se situer pour mieux progresser. Par ailleurs, il ne faut pas s’inquiéter des classes sans notes. Il faut savoir qu’en primaire, les élèves n’ont plus de notes chiffrées. On l’expérimente cette année dans notre collège une classe sans note, en 6e, pour assurer une continuité au sein du cycle 3, qui va du CM1 à la 6e. Cette suppression des notes chiffrée a été mise en place dans d’autres collèges, et a permis une meilleure intégration et réussite des élèves.

Par rapport aux précédentes réformes, celle-ci est-elle plus ambitieuse, mieux réfléchie ou est-ce une énième réformette ?

Ce qui est vraiment nouveau par rapport aux précédentes réformes, c’est que les méthodes d’enseignement changent en même temps que les programmes et la méthode d’évaluation, qui intègre pleinement le nouveau socle commun de compétences, avec des compétences évaluées sur une échelle de quatre niveaux.

C’est donc une réforme en profondeur, c’est pour cela qu’elle fait autant réagir. Là où cela a coincé, si j’en crois le ressenti des enseignants, c’est surtout parce que les délais ont été serrés, avec un temps de formation trop court au regard des ambitions de cette réforme.

La réforme est critiquée par les enseignants. En tant que mère d’un collégien, je suis inquiète. Changer tous les programmes du collège d’un coup n’est-ce pas excessif ?

Les programmes n’ont pas été révolutionnés. Mais il fallait tenir compte de l’allègement des horaires (26 heures maximum au collège, hors options, au lieu d’une trentaine parfois auparavant), de la mise en œuvre des cycles de trois ans (on ne fixe plus des acquisitions en fin de classe, mais des « attendus de fin de cycle »), et du travail interdisciplinaire, avec les EPI, mais aussi l’idée qu’en maths, on fait aussi un peu de français. Les programmes ont donc plutôt été recentrés et allégés, que complètement modifiés.