Le 10 juillet, le site d’emploi Météojob a sorti une étude, en partenariat avec le cabinet de conseil Michael Page, sur la perception qu’ont les salariés des mesures prises par leur employeur en faveur des pères. « En interne, nous avons beaucoup de jeunes papas qui souhaitent s’impliquer davantage dans leur vie de famille », explique le cofondateur de la plate-forme Philippe Deljurie. « Nous avons donc voulu vérifier à plus grande échelle si les candidats à l’embauche accordaient une réelle importance à ce sujet. »

D’après les résultats de l’enquête qui a été menée du 12 au 25 mai auprès de 730 salariés, tous sexes confondus avec ou sans enfant, la réponse est oui ! 54 % se disent en effet attentifs, lors du choix d’un poste, à la place que l’entreprise accorde au père dans l’éducation de l’enfant. 25 % des pères en font carrément un critère pour le choix d’une nouvelle boîte.

Mais ils se gardent bien de l’afficher. Ainsi, ils sont 74 % à déclarer que lors d’un entretien d’embauche, ils ne demanderaient pas si des mesures spécifiques existent pour les parents. « Sans doute parce qu’ils craignent que leur candidature soit pénalisée », analyse le spécialiste du recrutement… Ou bien parce qu’ils savent que rien n’est prévu.

Des entreprises engluées

Près de la moitié des sondés sont en effet persuadés que les organisations restent engluées dans une vision traditionnelle de la répartition des rôles au sein du couple, selon laquelle c’est à la femme de s’occuper des enfants. Et ils ne semblent guère rassurés une fois embauchés. Parmi les salariés en poste, 62 % des hommes et 49 % des femmes estiment que leur entreprise n’a pris aucune disposition pour aider les pères à s’impliquer davantage dans la gestion des enfants.

Un reproche qui transparaît également dans le dernier baromètre de la conciliation entre vie professionnelle, vie personnelle et vie familiale publié en juin par l’Observatoire de l’équilibre des temps et de la parentalité en entreprise, en partenariat avec l’Union nationale des associations familiales (Unaf) : 63 % des personnes interrogées déclarent que leur employeur « ne fait pas beaucoup de choses » pour les aider à équilibrer leurs temps de vie, en hausse de 2 points par rapport à 2015. « Tout n’est pas noir pour autant », tempère Jérôme Ballarin, le président de l’Observatoire. « Il y a quand même pas mal de sociétés qui bougent. »

Selon l’étude de Météojob, 38 % proposent notamment des mutuelles avantageuses pour les familles, tandis que 28 % offrent la possibilité à leurs salariés d’aménager leurs horaires de travail en fonction de leurs contraintes personnelles. Mais pour les intéressés, le compte n’y est pas. « La mutuelle, ils en avaient une avant », commente Philippe Deljurie. « Ce n’est pas ça qui révolutionne l’organisation de leur vie au quotidien. »

« Des mesures très simples à mettre en place »

Ce qu’ils réclament ? Une adaptation ponctuelle des horaires en cas de problèmes familiaux à 68 %, le télétravail à 53 %, ou encore un aménagement des congés parentaux et de paternité sans impact négatif sur l’évolution professionnelle à 44 %. « Ce sont des mesures très simples à mettre en place, surtout à une époque où l’on dispose de tous les outils nécessaires pour travailler à distance », souligne Philippe Deljurie.

« Les recruteurs auraient tout intérêt à les adopter parce que c’est un véritable outil marketing. Une manière pour eux de communiquer autour de leur marque employeur et de fidéliser leurs nouvelles recrues », dit-il. Les salariés qui en bénéficient évaluent ainsi à 6,3 sur 10 leur équilibre vie professionnelle-vie privée contre seulement 5,1 sur 10 quand ils en sont privés.