48 millions d’enfants migrants ou déplacés de force dans le monde
48 millions d’enfants migrants ou déplacés de force dans le monde
Par Rémi Barroux
A la veille d’une réunion de l’ONU, l’Unicef attire l’attention sur l’urgence concernant le sort des enfants réfugiés.
Des enfants venus du Honduras près de la gare de Tultitlan, au Mexique (décembre 2014). | © UNICEF/UNI176266/Ojeda / © UNICEF/UNI176266/Ojeda
Les voyages ne forment plus la jeunesse mais, aujourd’hui, la mettent en danger. Près de cinquante millions d’enfants ont traversé les frontières ou ont été déplacés de force, avance l’Unicef, le Fonds des Nations unies pour l’enfance, dans un document publié mercredi 7 septembre, « It’s about child ». A la veille de l’assemblée générale des Nations unies qui doit s’ouvrir à New York le 13 septembre et, surtout, de la réunion de haut niveau qui réunira les chefs d’Etat « pour gérer les mouvements massifs des réfugiés et des migrants », une semaine plus tard, l’Unicef veut attirer l’attention sur l’urgence concernant les enfants.
« La situation est de plus en plus préoccupante, explique Ted Chaiban, directeur des programmes de l’Unicef. 31 millions d’enfants [un enfant sur soixante-dix dans le monde] vivent en dehors de leur pays de naissance, dont 11 millions sont des réfugiés et demandeurs d’asile et 17 millions supplémentaires ont dû migrer à l’intérieur même de leur pays pour échapper aux violences et aux conflits. »
Inédit, ce rapport présente des données mondiales sur ces enfants, migrants forcés ou volontaires, et insiste sur les dangers qui les guettent lors de ces périples et dans les pays de destination. « Ces enfants déracinés, souvent seuls, restent des enfants et il faut les protéger. Or, la communauté internationale ne les prend pas assez en compte dans les débats sur les migrations, regrette Ted Chaiban. Il faut qu’ils soient accompagnés pour éviter les violences, les trafics, l’exploitation ; des itinéraires protégés doivent être mis en place et, dans les pays de destination, ils doivent être systématiquement assistés par des représentants légaux, d’ONG ou de l’Etat afin de les aider à rejoindre d’éventuels membres de leur famille. »
Des enfants jouent dans un centre sous la protection des Nations unies à Bentiu, au Soudan du Sud (2016). | © UNICEF/UN028382/Rich / © UNICEF/UN028382/Rich
Un réfugié sur deux dans le monde est un enfant
Les moins de 18 ans représentent la moitié du nombre global de réfugiés dans le monde, 81 %, alors que 13 % du nombre de migrants internationaux sont des enfants. Plusieurs chiffres traduisent la dégradation de la situation mondiale et l’accélération des déplacements. Dans les dix dernières années, le nombre global des enfants placés sous la protection du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a plus que doublé. Pour la seule période 2010-2015, ce chiffre a augmenté de 77 %. En cause, les crises récentes, tout particulièrement en Syrie. Lors des six premiers mois de l’année 2016, près de 70 % des enfants ayant trouvé refuge dans l’Union européenne ont fui les conflits en Syrie, en Afghanistan et en Irak.
Addis, 20 ans, et son fils, 2 ans, dans un centre de rétention pour migrants illégaux à Garabulli, en Lybie. | © UNICEF/UNI187399/Romenzi / © UNICEF/UNI187399/Romenzi
Mais l’Europe est loin d’être le continent le plus accueillant de ces enfants migrants. 39 % de ces enfants vivent en Asie, 20 % ont migré à l’intérieur du continent américain, de l’Amérique centrale et latine vers les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. Un migrant sur trois à l’intérieur du continent africain est un enfant, soit deux fois plus que la moyenne mondiale. « En Asie, les causes sont souvent liées aux effets du dérèglement climatique quand en Afrique, les problèmes d’eau, d’alimentation se conjuguent aux conflits politico-militaires », avance Ted Chaiban.