Cet été, c’est la 9fortune française qui fait la « une ». Vincent Bolloré, 63 ans n’est pourtant pas un nouveau venu dans le capitalisme français. Son groupe familial est actif depuis des générations dans l’industrie et le transport, plus récemment dans la publicité et les médias. On croise désormais ses Bluecars souvent siglées Autolib’ dans les métropoles françaises et bientôt, espère-t-il, ses trams électriques ou son nouveau cabriolet.

Mais c’est sa prise de contrôle de Vivendi, puis la reprise en main de Canal+, qui ont remis le « raider » au premier plan. On le découvre là fidèle à sa réputation : très impliqué, volontiers expéditif. Il a congédié le numéro 2 de la chaîne, mis au pas « Les Guignols » et « Le Grand Journal » et le voilà accusé d’avoir censuré un documentaire gênant pour le Crédit mutuel.

« Nous sommes cotés en Bourse, mais la famille contrôle le capital depuis 185 ans, je n’ai donc pas besoin de plaire. Je me fiche de mon image », jurait-il à Télérama en 2007, après ses premiers investissements dans les médias. « Les coupures de presse sont celles qui cicatrisent le plus vite », aime-t-il à répéter.

Fascination et spéculations

Le personnage fascine. Le milieu voit en lui un mélange rare de financier et d’industriel, capable de coups en Bourse tout comme d’investissements à long terme, dans une logique de conglomérat. Il dispose, à Vivendi, d’un trésor de guerre de plusieurs milliards d’euros, avec lequel il n’a fait pour l’instant qu’une « petite » acquisition, la plate-forme vidéo Dailymotion.

Ses mouvements alimentent les spéculations. Vivendi monte au capital de Telecom Italia ? On se demande si M. Bolloré renie la stratégie du groupe qui s’est désengagé des télécoms ou s’il cherche à réaliser un coup financier. Ou encore à renforcer son ancrage en Italie, où des rumeurs lui prêtent des vues sur le groupe de télévision Mediaset de Silvio Berlusconi.

Cet été, Le Monde a choisi de raconter l’un des projets les moins connus de l’industriel : la boucle ferroviaire qu’il a commencée de construire pour relier cinq pays d’Afrique de l’Ouest. Alors qu’il règne déjà sur les ports de la région, M. Bolloré se lance à la conquête des terres. Trois reporters ont parcouru les 3 000 km de cette ligne ponctuée de « bluezones », où le groupe fait la démonstration de ses batteries LMP, une technologie dans laquelle il a déjà investi plus de 2 milliards d’euros. « Le chemin de fer va prendre le relais des batteries », affirme M. Bolloré qui espère le voir rouler avant le 17 février 2022, jour du bicentenaire de l’entreprise… et du passage de flambeau à ses enfants.