Un quartier rebelle d’Alep après des bombardements. | KARAM AL-MASRI / AFP

D’intenses bombardements aériens ont de nouveau visé les quartiers rebelles d’Alep, vendredi 23 septembre, quelques heures après l’annonce par l’armée syrienne d’une offensive pour reprendre la plus grande ville de Syrie. Selon l’Observatoire syrien des droits humains (OSDH), une trentaine de civils, dont trois enfants, ont été tués et des dizaines d’autres blessés par « des raids des avions russes et des hélicoptères du régime sur plusieurs secteurs rebelles d’Alep ».

Ammar Al-Selmo, le responsable de la défense civile sur place, a lui avancé le chiffre d’au moins soixante-dix morts vendredi. « Ce qui se déroule actuellement, c’est une véritable opération d’anéantissement, dans tous les sens du terme, a-t-il déclaré. Les bombardements d’aujourd’hui sont plus violents et impliquent un plus grand nombre d’avions. »

Selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) présent sur place, les raids se succèdent sans discontinuer, les destructions sont considérables et les services de secours totalement impuissants. Des immeubles ont été entièrement rasés et des habitants se trouvent sous les décombres.

Un objectif stratégique

L’armée du régime de Bachar Al-Assad, qui assiège la partie rebelle de la ville divisée d’Alep quasi en continu depuis deux mois, veut reconquérir la totalité de l’ancienne capitale économique de la Syrie, un objectif stratégique crucial dans le conflit. Elle a annoncé jeudi le début d’une offensive dans le secteur tenu par les insurgés et a appelé les habitants à s’éloigner des positions rebelles, assurant que les civils qui voudraient rejoindre le secteur tenu par le gouvernement ne seraient pas arrêtés.

« Nous avons commencé des opérations de reconnaissance et de bombardements aériens et d’artillerie, a fait savoir une source militaire de haut rang. Elles peuvent durer des heures ou des jours avant une opération terrestre. »

« Avec le bombardement d’Alep, le régime joue la carte d’une partition de la Syrie, et ses soutiens la laissent faire », a déploré le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. « Ce qui se passe, c’est qu’Alep est attaquée et que tout le monde a repris les armes », a dit jeudi à New York l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.

Ces violentes frappes se déroulent dans un contexte diplomatique morne. Quelques jours après la fin de la dernière trêve et alors que de nouvelles passes d’arme diplomatiques ont eu lieu à l’ONU, l’incertitude demeure quant à une nouvelle rencontre russo-américaine à New York pour un rétablissement du cessez-le-feu.

Des convois humanitaires ont été temporairement suspendus, après que l’un d’eux a été victime d’un bombardement meurtrier lundi. L’ONU a annoncé vendredi envisager une autre route pour apporter une aide aux quartiers rebelles d’Alep, affamés et violemment bombardés, quarante camions d’aide humanitaire restant bloqués à la frontière entre la Turquie et la Syrie.