L’entrée de l’Université de Cambridge, au Royaume-Uni. REUTERS/Paul Hackett (BRITAIN - Tags: EDUCATION) - RTXTSGK | © Paul Hackett / Reuters / Reuters

Notre partenaire Courrier Expat vous propose cette revue de presse sur une mesure qui fait écho au CV anonyme français.

C’est une première : quatre universités britanniques vont rendre anonymes leurs procédures d’admission en vue de la rentrée 2017. Le formulaire de candidature ne mentionnera ni le nom, ni le sexe, ni l’origine ethnique ou l’éventuelle confession religieuse des candidats, explique BBC News.

Objectif, selon les termes de Jo Johnson, le ministre des universités britannique : « en finir avec les discriminations ». « Nous devons faire en sorte que tous ceux qui en ont la capacité, quelles que soient leurs origines, aient la possibilité de suivre des études dans les meilleures de nos universités », a-t-il déclaré en présentant la procédure, qui va être testée par les universités d’Exeter, de Huddersfield, de Liverpool et de Winchester.

« Un nom à consonance plus “blanche” pour être convoquée »

Le projet n’est pas vraiment nouveau, rappelle le Washington Post : c’est David Cameron qui l’a lancé à l’automne 2015, alors qu’il était premier ministre. Des statistiques avaient révélé qu’en 2013, seuls 48 étudiants d’origine africaine, caribéenne ou métisse avaient été admis à Oxford sur un total de 2 233 places disponibles. « Voilà deux semaines, j’ai parlé avec une jeune femme noire qui a dû porter un nom à consonance plus blanche [sur son formulaire de candidature] pour obtenir d’être convoquée à des entretiens. Ce racisme, au XXIe siècle, dans notre pays, est une honte », avait estimé le chef des conservateurs, avant d’annoncer que l’anonymat des candidatures serait la règle dans toutes les universités britanniques dès la rentrée 2017.

« Mais si l’idée a été publiquement applaudie, elle a soulevé des résistances du côté des responsables universitaires », rapporte le Washington Post. Une consultation a été lancée auprès de 120 universités par l’UCAS, l’organisme qui centralise les inscriptions et l’équivalent britannique d’Admission post-bac. Ont été exprimés des doutes quant à l’efficacité de la mesure, ainsi que des craintes d’effets pervers sur les programmes déjà mis en place pour lutter contre les discriminations. A également été pointé le coût de l’opération pour les établissements, compte tenu de la nécessité de changer tous les logiciels.

Les candidats noirs avaient 2,6 % de chances en moins

Il a donc été décidé de commencer par procéder à un test sur un nombre limité d’établissements. « Celui-ci permettra aux universités d’évaluer l’efficacité de l’anonymisation et de déterminer comment cette procédure pourrait compléter les approches déjà utilisées pour veiller à ce que les admissions sont équitables », explique au Times Higher Education la directrice des relations extérieures de l’UCAS, Helen Thorne.

Des chiffres de l’UCAS dévoilés en juin ont montré que des candidats noirs avaient 2,6 % de chances en moins d’obtenir une offre d’admission que les autres, et les étudiants asiatiques 1,2 % de chances en moins.

Le mensuel britannique a également recueilli la réaction de Vikki Boliver, maître de conférences en sociologie à l’université de Durham, qui s’est penché sur le recrutement des établissements d’élite :

« Si les décisions d’admission sont influencées par des préjugés conscients ou inconscients, alors la solution n’est pas de supprimer les informations qui déclenchent ces décisions biaisées, mais bien de développer des procédures et une culture qui permettent de repérer ces préjugés et de les combattre. »

Jean-Luc Majouret (Courrier international)

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