Qu’est-ce qui différencie les candidats à la primaire écologiste ?
Qu’est-ce qui différencie les candidats à la primaire écologiste ?
Par Elvire Camus, Gary Dagorn
Le premier débat de l’élection présidentielle a eu lieu, mardi 27 septembre, entre les quatre candidats à la primaire écologiste.
Les candidats à la primaire écologiste, Cécile Duflot, Karima Delli, Michèle Rivasi et Yannick Jadot. | JOEL SAGET / AFP
Le tout premier débat de l’élection présidentielle a eu lieu, mardi 27 septembre, entre les quatre candidats à la primaire écologiste. A plusieurs reprises, les journalistes de LCP, qui a diffusé les échanges, les ont questionnés sur leurs différences. Peu nombreuses, elles portent surtout sur des détails relatifs à la mise en œuvre de mesures qui font l’unanimité.
Sur le revenu de base
Tous les candidats sont favorables à la mise en place d’un revenu de base. Mais ils ne s’accordent pas toujours sur son montant, les conditions de son introduction ou son financement :
- Yannick Jadot propose un revenu de base d’environ 500 euros, qui doit être lié à la mise en place d’une nouvelle fiscalité ;
- Pour Michèle Rivasi, « 500 euros n’est pas suffisant », elle propose « entre 800 et 1 000 euros » pour que les bénéficiaires soient « autonomes », disant prendre exemple sur les pays qui l’appliquent déjà ;
- Cécile Duflot souhaite qu’il soit de 1 000 euros et mis en place par étapes, notamment par la redistribution : « On ne pourra pas gagner plus en un mois que ce que quelqu’un gagne en un an » ;
- Karima Delli prône une « vraie réforme fiscale, jusqu’à 90 % [de taxation] chez les plus riches ». « Le revenu de base concernera tout le monde » et sera « un complément de notre protection sociale », a-t-elle ajouté.
Sur la légalisation du cannabis
C’est probablement le sujet sur lequel les quatre candidats se rejoignent le plus. Tous sont favorables à la légalisation du cannabis, à condition que celle-ci soit « encadrée ». Les écologistes sont donc le seul parti dont tous les candidats à l’élection présidentielle sont favorables à la légalisation et non à la seule dépénalisation du cannabis.
Sur la réforme des institutions
Les quatre candidats proposent tous des changements importants des institutions françaises afin de changer de régime et de faire naître une sixième République. Mais chacun y est allé de ses propres propositions en la matière.
- Karima Delli souhaite réduire le nombre de députés (de 577 à 400) et veut substituer le poste de premier ministre par un vice-président aux affaires européennes ;
- Cécile Duflot souhaite instituer un septennat unique non renouvelable ;
- Yannick Jadot veut réduire les pouvoirs du président pour donner plus de poids à un parlement élu à la proportionnelle ;
- Michèle Rivasi, qui partage ce dernier point, souhaite également qu’une nouvelle Constitution permette de « moraliser la vie politique ».
Les candidats se sont également prononcés pour une nouvelle Constitution écrite démocratiquement.
Sur l’union de la gauche
C’est peut-être le point divisant le plus les quatre candidats écologistes de cette primaire.
- Michèle Rivasi et Karima Delli se sont clairement dites opposées à tout accord avec les socialistes ;
- les deux autres candidats ne se sont pas clairement prononcés contre d’éventuels accords avec le PS. Interrogés, Yannick Jadot et Cécile Duflot ont préféré esquiver la question en répondant à côté.
Cet échange a par ailleurs donné lieu à une légère passe d’arme entre Cécile Duflot et Karima Delli, qui a estimé que l’alliance passée avec le Parti socialiste pour les législatives de 2011 a été « une balle dans le pied » des écologistes. Cet accord avait permis que les écologistes obtiennent, pour la première fois, un groupe a l’Assemblée nationale.
Duflot juge que l'accord "n'a pas été mis en oeuvre". Elle oublie que les écolos ont eu pour 1ere fois un groupe à l'AN qui a explosé depuis
— raphaellebd (@R_Besse_Desmoulieres)
Sur le terrorisme
Peu de différences là encore entre les candidats.
- Cécile Duflot a insisté sur la stratégie du groupe Etat islamique qui « s’appuie sur les fractures de la société française », un constat avec lequel sont d’accord Karima Delli et Yannick Jadot ;
- Yannick Jadot propose de mettre en avant des solutions locales telles que des conseils de quartier ou encore de mettre en place une politique étrangère plus cohérente avec certains pays du Moyen-Orient, citant le Qatar et l’Arabie saoudite ;
- Yannick Jadot et Karima Delli se sont également prononcés pour une meilleure coopération européenne en matière de terrorisme, le premier plaidant pour la création d’une agence de renseignement européenne, un « FBI à l’européenne » ainsi que pour un « procureur européen » capable d’enquêter à l’échelle du continent ;
- Yannick Jadot et Cécile Duflot se sont aussi positionnés pour une réforme importante de nos multiples agences de renseignement, cette dernière étant aussi favorable à ce qu’on augmente leurs moyens humains ;
- Michèle Rivasi souhaite faire « apprendre à l’école la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, plutôt que d’enseigner La Marseillaise ».
Sur l’écologie
Sur ce point central de leurs programmes respectifs, les quatre candidats se distinguent non pas sur ce qui les oppose, mais sur leurs priorités.
- « La première chose que je fais, c’est de mettre en place un plan de sortie du diesel en cinq ans », a affirmé Karima Delli, ajoutant qu’« aujourd’hui, respirer tue » ;
- « Mon acte numéro 1, fermer les centrales nucléaires », a de son côté indiqué Michèle Rivasi, qui précise qu’elle fermera en priorité Fessenheim ;
- Yannick Jadot veut en priorité « sortir des énergies fossiles et se plonger avec enthousiasme dans les énergies d’avenir », ajoutant qu’il parie plutôt sur les PME pour relever le défi. « Ce n’est pas avec les grandes entreprises qu’on combattra le changement climatique. »
- Cécile Duflot se fixe comme cap 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2050, ce qui permettrait de créer, selon elle, entre 800 000 et 900 000 emplois. Elle veut aussi inscrire l’urgence climatique dans la Constitution.
Interrogée sur les nombreuses similitudes entre les quatre candidats, Michèle Rivasi reconnaît que le choix des électeurs se fera plus sur « la personnalité » et la « crédibilité » de chacun que sur le contenu de leurs programmes.