Plusieurs dizaines d’Ethiopiens sont morts dimanche 2 octobre au cours d’affrontements entre policiers et manifestants, suivis d’un grand mouvement de panique, au traditionnel festival oromo Irreecha, dans la localité de Bishoftu, au sud de la capitale Addis Abeba.

Le gouvernement régional éthiopien a fait état de 52 morts, tandis que l’opposition parle d’au moins 100 victimes.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées sur les bords du lac Harsadi, sacré pour les Oromo, pour assister à la cérémonie de l’Irreecha qui marque la fin de la saison des pluies.

De nombreux participants brandissaient leurs bras croisés au dessus de la tête, un geste devenu le symbole de la contestation des Oromo face aux autorités éthiopiennes.

La cérémonie a dégénéré lorsque des dirigeants oromo affiliés au gouvernement ont été pris à partie par la foule, qui a tenté de prendre d’assaut leur tribune, alors qu’ils s’apprêtaient à prendre la parole.

Un mouvement de contestation sans précédent

Les manifestants ont lancé des pierres et des bouteilles sur les forces de sécurité, qui ont riposté d’abord à coups de bâton, puis avec des gaz lacrymogènes, ce qui a provoqué un mouvement de panique. Au moins une cinquantaine de personnes sont tombées les unes sur les autres dans un fossé profond de plusieurs mètres à proximité.

Des tirs ont aussi claqué, sans qu’il soit possible de déterminer s’il s’agissait de tirs à balle réelle ou non, et des cartouches de balles en caoutchouc ont également été retrouvées sur place.

L’Ethiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation anti-gouvernementale sans précédent depuis une décennie, qui a commencé en région oromo (centre et ouest) au mois de novembre 2015 et qui s’est étendu depuis l’été à la région amhara (nord).

Ces deux ethnies représentent environ 60 % de la population éthiopienne et contestent de plus en plus ouvertement ce qu’ils perçoivent comme une domination sans partage de la minorité des Tigréens, issus du nord du pays.