Eric Lang (en 2007 en Egypte) est décédé au Caire, le 13 septembre 2013, à la suite de violences imputées à ses codétenus dans un commissariat du Caire. La famille de ce Français de 49 ans réclame toujours que justice soit faite. | Alain Blotti�re / AP

En Egypte, six détenus ont été condamnés dimanche 15 mai à sept ans de prison. Ils étaient accusés d’avoir battu à mort Eric Lang, un enseignant français, en 2013 dans la cellule d’un commissariat du Caire. La famille de la victime doute cependant toujours de cette thèse et les avocats des condamnés mettent en cause la police.

Eric Lang, 49 ans, qui enseignait le français en Egypte, est décédé après avoir été violemment battu le 13 septembre 2013, alors qu’il était détenu depuis six jours dans un commissariat. Selon les autorités, il avait été arrêté dans la rue parce qu’il n’avait pas de pièce d’identité et que son passeport, apporté plus tard aux policiers, ne portait pas de visa de séjour valide.

Une procédure a été diligentée par la justice égyptienne contre six codétenus pour violences ayant entraîné la mort. Le procès s’est ouvert en juin 2014, et selon l’acte d’accusation, l’enseignant aurait été roué de coups par six codétenus dans sa cellule. Les six hommes ont été déclarés coupables de « coups ayant entraîné la mort » dimanche par un tribunal du Caire, selon un verdict lu par un greffier.

Une procédure insuffisante, selon sa famille

Et pourtant, cela ne devrait pas modifier les demandes de la famille, qui juge cette procédure insuffisante. Les avocats de la famille réclament en vain depuis 2013 que la justice égyptienne ouvre une enquête pour établir la responsabilité des autorités de police dans sa mort.

Une plainte a également été déposée en France. Elle a donné lieu à l’ouverture, le 21 novembre 2014, d’un réquisitoire supplétif demandant à la juge d’instruction du tribunal de Nantes d’enquêter pour « non-assistance à personne en danger » et « atteinte arbitraire à la liberté par une personne exerçant une fonction publique ». La famille réclame toujours l’exécution d’une commission rogatoire internationale.

Les avocats des condamnés ont eux aussi remis en cause la version de l’accusation, affirmant que l’autopsie a démontré que M. Lang avait été battu à mort avec une barre, six heures durant selon l’un d’eux. Ce meurtre ne pouvait donc être que l’oeuvre des policiers ou au moins avec leur consentement.

Détention arbitraire

Le comportement des autorités policières pose d’autant plus question qu’Eric Lang a été détenu arbitrairement. Un magistrat du parquet avait ordonné la remise en liberté de M. Lang au lendemain de son arrestation, ce qui n’a jamais été fait.

« Il a été arrêté, torturé, tué pour rien, et la France n’a pas aidé à le sortir quand il devait être extradé », a aussi déploré le 13 avril Nicole Prost, la mère de M. Lang, quelques jours avant une visite du président François Hollande en Egypte. La police égyptienne est régulièrement accusée par les organisations internationales et égyptiennes de défense des droits de l’Homme de torturer et tuer des détenus.

Ce verdict intervient en pleine querelle diplomatique entre l’Italie et l’Egypte à propos de la mort du jeune étudiant Giulio Regeni en février dernier, dont le corps a été retrouvé dans un fossé, portant les stigmates d’épouvantables tortures, neuf jours après avoir été enlevé au Caire. Après une première version, la police avait accusé un gang criminel, dont les membres ont été tués dans une fusillade, mais peu convaincue par ces conclusions et l’enquête, l’Italie a rappelé son ambassadeur au Caire.