Le quartier général d’ING, à Bruxelles, lundi 3 octobre. | LAURIE DIEFFEMBACQ / AFP

Une « transformation fondamentale » : c’est ce qu’ambitionne, selon sa direction, le groupe bancaire néerlandais ING, qui devrait supprimer quelque 7 000 de ses 52 000 emplois dans le monde au cours des cinq prochaines années. Il ambitionne d’économiser ainsi quelque 900 millions d’euros par an.

La Belgique sera la principale victime de ce plan de rationalisation : elle devrait perdre 3 500 emplois sur les quelque 8 000 que compte encore le vaste réseau d’agences ING, héritées de la Banque Bruxelles Lambert, rachetée en 1997. Les réseaux d’ING Belgique et de sa filiale Record Bank, constituée d’agences franchisées, devraient en outre être fusionnés. Aux Pays-Bas, quelque 2 300 postes seront perdus, s’ajoutant aux 1 700 déjà annoncés à la fin de 2015.

Le groupe, pionnier du compte gratuit en ligne, justifie ces mesures spectaculaires par la nécessité d’accélérer sa transformation digitale dans laquelle il compte investir 800 millions d’euros. « Et malheureusement cela nécessite moins d’emplois » a expliqué à Bloomberg Television le directeur financier du groupe, Patrick Flynn.

Pour justifier ses décisions, ING avance diverses raisons : la faiblesse des taux d’intérêt, qui réduit les marges des établissements financiers, la baisse du niveau des crédits accordés mais aussi le coût des nouvelles réglementations qui pèsent sur les rendements du secteur. Il doit également affronter la concurrence de diverses start-up spécialisées, très actives sur ses principaux marchés. La direction explique cependant qu’elle a accueilli 3 millions de nouveaux clients et réuni 56 milliards de crédits supplémentaires au cours des dernières années.

« Bain de sang social »

Si les syndicats néerlandais se contentent de réclamer « une réorganisation sociale acceptable », leurs homologues belges évoquaient lundi un « bain de sang social » et annonçaient des actions pour les prochains jours. Immédiatement après les annonces au comité d’entreprise, les représentants des employés ont été reçus par le gouvernement fédéral. Ce dernier a condamné la méthode utilisée mais sa marge de manœuvre est très réduite face aux décisions d’un groupe privé. Actionnaire à 10 % de BNP Paribas Fortis, l’Etat a, en revanche, obtenu que celle-ci garantisse l’emploi jusqu’à la fin 2018.

La colère des syndicats belges est d’autant plus grande que, selon diverses informations, quelque 7,2 milliards d’euros ont été transférés de la filiale belge vers la maison mère d’Amsterdam au cours des dernières années. Le Parti du travail, une organisation de la gauche radicale, affirme quant à lui que ING aurait bénéficié de réduction d’impôts à hauteur de 1,9 milliard au cours de la même période.

Ce nouveau coup dur pour l’emploi s’ajoute à d’autres annonces récentes en Belgique : suppression de plus de 2 000 postes chez Caterpillar, en Wallonie, de 650 autres chez Axa Belgique et annonce de la fermeture d’un site du torréfacteur néerlandais Douwe Egberts, près de Bruxelles. Le prochain rachat de la compagnie aérienne SN Brussels par Lufthansa pourrait également se traduire par des licenciements.