Amazon avait annoncé, le 9 septembre, la création de 1 000 emplois en CDI en 2016. 550 ont déjà créés depuis janvier dans ses quatre centres de distribution en France. | TED S. WARREN / AP

Le géant du commerce en ligne Amazon se fait de plus en plus menaçant pour la grande distribution en renforçant son maillage logistique en France sur le fief de la famille Mulliez (Auchan, Décathlon, Boulanger, Leroy Merlin, etc.). Mercredi 5 octobre, il a annoncé l’ouverture en septembre 2017 d’un nouveau centre de distribution à Amiens (Somme) et le développement d’une nouvelle activité sur son centre de distribution actuel de Lauwin-Planque (Nord). « A Amiens, le site logistique d’une superficie de 107 000 m2 deviendra le plus grand entrepôt d’Amazon en France », indique au Monde Ronan Bolé, directeur des opérations d’Amazon en France.

Amazon a prévu sur ces deux sites de créer 750 emplois en CDI dans la région des Hauts-de-France dans les trois années qui suivront leur ouverture, dont 500 emplois en CDI à Amiens (agents d’exploitation logistique, techniciens, ressources humaines, informatique, maintenance, etc.). « Ces postes s’ajoutent aux 1 000 emplois annoncés récemment et qui seront créés avant la fin de l’année 2016 au sein des centres de distribution actuels d’Amazon », a expliqué la société dans un communiqué. Le groupe avait annoncé, le 9 septembre, la création de 1 000 emplois en CDI en 2016, dont 550 ont déjà été créés depuis janvier dans ses quatre centres de distribution en France.

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Demande croissante de la clientèle française

En Europe, Amazon possède 32 sites logistiques, principalement en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, mais aussi en Italie, en Espagne et en Europe centrale. Avec Amiens, le groupe américain disposera en France de cinq grands centres de distribution d’ici à la fin de l’année 2017 en comptant ses quatre autres sites, à Saran (70 000 m², dans le Loiret) qui a été le premier à ouvrir en 2007, à Montélimar (environ 40 000 m², dans la Drôme), à Sevrey (environ 40 000 m², en Saône-et-Loire) et à Lauwin-Planque (90 000 m², dans le Nord).

Ce dernier entrepôt de stockage sera donc complété fin 2017 – à une centaine de mètres – d’une plate-forme de 30 000 m2 de tri des colis pour les réacheminer selon les destinations, là où jusqu’à présent Amazon faisait appel à des sous-traitants. Une expérience qui pourrait être généralisée sur d’autres sites si elle est satisfaisante. « Nous sommes en train d’y réfléchir », indique M. Bolé.

Mercredi dans son communiqué, Amazon a expliqué qu’il développait « son réseau français de centres de distribution afin de répondre à la demande croissante de sa clientèle, d’élargir son offre déjà riche de plus de 200 millions de références et de satisfaire les besoins d’un nombre grandissant d’entreprises indépendantes qui vendent leurs produits sur la place de marché d’Amazon, grâce au programme de livraison “Expédié par Amazon” ». Comme, par exemple, les nouveaux vendeurs artisans qui sont apparus sur le site Internet depuis le 22 septembre. Amazon a ouvert dans cinq pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni) un espace sur son site Internet consacré à l’artisanat, appelé Amazon Handmade, un an après l’avoir lancé aux Etats-Unis, un créneau jusqu’alors dominé par deux acteurs, l’américain Etsy et le français A Little Market – lui-même racheté par Etsy en 2014.

« Concurrence déloyale »

En juin, Amazon avait déclenché une levée de boucliers des distributeurs historiques et des politiques, percevant comme une menace de déstabiliser le commerce de proximité à Paris l’arrivée de son nouveau service de livraison, appelé Prime Now, 7 jours sur 7 en une heure, dans Paris et dans 21 communes de la petite couronne, qui propose même des produits frais et surgelés. Jusqu’à la réaction d’Anne Hidalgo, maire de Paris, qui y voyait alors « une concurrence déloyale à l’égard des commerçants et des artisans ».

Cette activité spécifique de livraison en une heure possède son propre entrepôt de 4 000 m² dans le 18e arrondissement de Paris. « C’est une activité différente qui ne rentre pas dans la même organisation logistique de l’ensemble », précise M. Bolé. Quoi qu’il en soit, tous les acteurs historiques sont sur le qui-vive, dans l’attente du lancement d’Amazon sur l’ensemble de la France sur les produits frais, depuis que le géant s’est infiltré au niveau national dans les produits d’épicerie et boissons, en septembre 2015. « Il faut avoir les conditions de stockage, des expéditions adaptées aux produits frais. On n’est pas du tout sur ces projets là pour le moment », précise M. Bolé.

En attendant, la concurrence tente de rattraper son retard ou de prendre de vitesse le géant américain. Ainsi, Casino a déjà commencé à rassembler les forces de ses enseignes en France, en lançant son e-commerçant Cdiscount fin 2015 sur une offre de distribution alimentaire sur Internet livrée en une heure et demie à Paris et dans les Hauts-de-Seine, s’appuyant sur le réseau des magasins (physiques) Franprix.

Mardi 4 octobre, Cdiscount a annoncé le lancement d’une offre de streaming permettant de consommer vidéo, musique, livre et magazine avec un seul abonnement, tentant ainsi de prendre de vitesse Amazon qui, selon certaines rumeurs, pourrait lancer en France son offre de streaming.