Attaque contre des policiers à Bruxelles : une « possible » piste terroriste
Attaque contre des policiers à Bruxelles : une « possible » piste terroriste
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Le parquet fédéral belge devrait confirmer ou infirmer, jeudi, après audition de l’auteur des faits, le caractère terroriste de l’agression au couteau de deux policiers.
Le parquet fédéral belge devrait confirmer ou infirmer, jeudi 6 octobre, après audition de l’auteur des faits, le caractère terroriste de l’agression au canif de deux policiers, mercredi midi. Un communiqué de la justice diffusé quelques heures après les faits évoquait un « possible attentat ».
Un agent en civil et une policière en tenue ont été attaqués dans la commune de Schaerbeek, l’une des dix-neuf municipalités de la ville-région. Ils ont été blessés, mais leurs jours ne sont pas en danger. L’agresseur a été arrêté par une patrouille, qui a stoppé sa fuite en lui tirant dans les jambes. Un troisième agent a été blessé lors de cette intervention.
L’enquête a été confiée au parquet fédéral, ce qui semble montrer qu’elle s’oriente bel et bien vers le terrorisme islamiste. Les premières informations obtenues mercredi soir confirmaient que l’auteur des faits, Hicham D., un ancien militaire belge âgé de 43 ans, était lié à la nébuleuse terroriste et connaissait des combattants présents en Syrie. Son nom est apparu dans certains dossiers au cours des dernières années.
Ancien boxeur, Hicham D. a, semble-t-il, quitté l’armée belge en 2009. Auparavant, il avait milité pour un parti islamique, aujourd’hui disparu. Une perquisition à son domicile, à Schaerbeek, n’aurait fourni aucun résultat. Une arme aurait, en revanche, était trouvée dans une voiture proche du lieu de l’agression.
De nouveaux attentats redoutés
Depuis quelques semaines, les autorités redoutaient de nouveaux attentats qui auraient visé des policiers mais aussi des militaires. Une série d’interpellations a eu lieu à la mi-septembre. Ces opérations visaient des personnes liées au Français Rachid Kassim, qui avait lancé de Syrie des appels à tuer des membres des forces armées.
En août, deux policières de Charleroi ont été grièvement blessées par un Algérien en séjour illégal. L’homme les avait attaquées à la machette en criant « Allahou Akbar ». Il a été abattu. L’organisation Etat islamique (EI) a rapidement revendiqué cette action.
En janvier 2015, l’assaut des forces de l’ordre contre une maison de Verviers avait permis le démantèlement d’une cellule liée aux commandos qui allaient frapper à Paris et à Bruxelles quelques mois plus tard. Le groupe, qui possédait des uniformes, préparait apparemment des attentats contre la police.
En 2012 déjà, des agents avaient été visés dans une station de métro de Molenbeek, où un individu venu de Paris et lié au groupe Sharia4Belgium voulait prétendument venger une femme interpellée pour avoir porté un voile intégral. L’auteur des faits a été condamné à dix-sept ans de détention.
Risque de passage à l’action de soldats
S’il se confirme que Hicham D. est passé par l’armée, les craintes d’une série d’experts se trouveraient confirmées. Ils soulignaient le risque d’un éventuel passage à l’action de soldats acquis aux thèses islamistes radicales. L’un d’eux était apparu, au début de 2015, poignard à la main et kalachnikov en bandoulière, dans une vidéo de l’EI. Et un membre de la cellule de Verviers, Lotfi Aoumeur, était un ancien ambulancier de la marine, initié au montage d’armes et à leur usage.
D’autres anciens militaires européens ont rejoint l’EI et, dès 2012, un rapport interne du ministère de la défense belge évoquait la surveillance étroite par la sûreté militaire d’une quinzaine de recrues d’origine musulmane. Des salafistes présumés auraient été identifiés, et un converti, membre d’une filière radicale, a été condamné à quarante mois de prison en 2013 pour le recrutement de combattants.
La police pourrait elle aussi avoir été infiltrée par des radicaux. Le parquet de Bruxelles a mené une information judiciaire sur certains services où des agents entretiendraient « des liens douteux » avec des groupes islamistes.