L’AFRIQUE INTIME « La première fois : rien ne presse ! »
L’AFRIQUE INTIME « La première fois : rien ne presse ! »
Par Ali Habibbi (chroniqueur Le Monde Afrique)
Notre chroniqueur aborde le sujet sensible du premier rapport sexuel, source d’anxiété et d’interrogations pour les jeunes.
La première fois peut être une source d’angoisse pour beaucoup, un mélange d’idées reçues, d’appréhension, de peurs – celle d’avoir mal, celle de mal s’y prendre – et de fantasmes, qui ne se réaliseront pas forcément. Autant dire que ceux qui s’apprêtent à découvrir leur première relation sexuelle sont en panique.
En matière de sexualité, il n’y a pas de recette magique ou de mode d’emploi à suivre à la lettre. Chaque personne est singulière et, avant d’être une affaire de « trucs » à connaître ou de règles à respecter, la première fois (et toutes les autres fois) est d’abord affaire de désir, d’émotions et de sensations. Il est donc important, si l’on devait ne donner qu’un seul conseil, de prendre tout sont temps, pour discuter avec son partenaire et se sentir dans un climat de confiance.
Pour se sentir à l’aise, il faut choisir un environnement où l’on se sent protégés, où l’on est sûrs de ne pas être dérangés. En un mot un lieu propice à l’intimité.
Respecter son propre rythme
Nous vivons une époque hyper sexualisée, qui valorise la performance, la surconsommation et le plaisir à tout prix. La sexualité nous apprend que nous devons savoir prendre notre temps et accepter parfois d’être frustré. Dès le début, il faut essayer de se libérer de cette pression sociale. Etre vierge par exemple peut être ressenti comme une honte et pousser garçons et filles à avoir leur premier rapport sexuel alors qu’ils ne le désirent pas encore réellement, qu’ils ne se sentent pas prêts. Il faut donc impérativement d’abord apprendre à s’écouter et à respecter son propre rythme.
AFRIQUE INTIME : la première fois
Durée : 12:45
La performance, du côté des garçons comme des filles, est aussi un diktat très puissant, mis en avant comme une condition de la sexualité. Ce qui a pour conséquence d’augmenter la crainte de mal faire, de créer de la déception, de remettre en cause l’estime de soi et même de provoquer des dysfonctions sexuelles.
Du côté des filles, la crainte qui revient le plus souvent est celle de la douleur. C’est loin d’être une fatalité. Il est important de savoir que beaucoup de femmes n’ont pas eu mal lors de leur premier rapport sexuel. Il est cependant normal d’avoir peur. Cette anxiété peut être combattue, notamment en prenant son temps – rien ne presse – et en prolongeant les caresses et les baisers plutôt que de focaliser sur la pénétration elle-même. L’écoute mutuelle est primordiale. La première fois peut se faire… en plusieurs fois !
Ali Habibbi, un des experts de notre série L’Afrique intime, est thérapeute de couple, de famille et sexologue. Il est aussi rédacteur en chef du site Islam & psycho.