Après l’annonce par François Hollande, lors de son déplacement à Calais à la fin du mois de septembre, du démantèlement complet du campement de Lande, Jacques Toubon a exprimé, jeudi 6 octobre, ses « inquiétudes les plus vives » sur les conditions du démantèlement de la « jungle » de Calais.

« La destruction de la totalité des camps et des installations en dur pourrait débuter le 17 octobre prochain. Or, le dispositif d’accueil et de mise à l’abri sur place des mineurs non accompagnés n’est toujours pas opérationnel », souligne dans un communiqué le Défenseur des droits, qui se dit « très préoccupé par le sort de l’ensemble des exilés vivant à Calais ».

Le gouvernement prépare le démantèlement du plus vaste bidonville français qui compte entre 7 000 et 10 000 migrants selon les chiffres, dans des conditions maintenues très confidentielles sur sa date exacte et ses conditions. Manuel Valls a parlé le 2 octobre d’une opération « dans les prochaines semaines » alors que, aux termes d’une note interne du ministère de l’intérieur datée du 1er septembre, les préfets ont jusqu’au 15 octobre pour identifier quelque 8 200 nouvelles places d’hébergement.

Jacques Toubon, qui « alerte de nouveau le ministre de l’intérieur », indique avoir écrit à Bernard Cazeneuve pour lui demander quelles sont « les dispositions prises » s’agissant des mineurs non accompagnés. Plus généralement dans ce même courrier, il « sollicite du ministre » qu’il lui « communique les informations » relatives « au nombre de places d’hébergement disponibles ainsi que leur localisation, aux prestations prévues dans les différents centres », ainsi qu’à « l’ensemble des moyens mobilisés (forces de l’ordre, transports des personnes, etc.) et au sort réservé aux installations en dur que sont le centre d’accueil provisoire et le centre Jules-Ferry ».

Ne pas fragiliser davantage « des personnes très vulnérables »

L’ancien ministre de la justice assure qu’il « ne saurait admettre que le démantèlement du bidonville conduise à fragiliser davantage le sort de ces personnes très vulnérables et à les éloigner encore de la protection que leur confèrent les droits fondamentaux ».

En ce qui concerne les mineurs, il s’inquiète notamment que « rien n’ait été envisagé » pour ceux qui ont déposé une demande d’asile en vue d’une réunification familiale en Grande-Bretagne. « Rien n’indique qu’ils puissent continuer à être suivis et accompagnés dans leurs démarches après le démantèlement du camp », ajoute-t-il.

« Il serait par ailleurs envisagé d’ouvrir des places en centre d’accueil et d’orientation (CAO) réservées à ces mineurs non accompagnés », assure le Défenseur des droits, les enfants ne pouvant légalement être hébergés dans les CAO adultes ouverts pour inciter les migrants de Calais à réfléchir à une demande d’asile. Ces CAO mineurs « doivent nécessairement répondre aux exigences légales telles un encadrement socio-éducatif et un accompagnement vers le dispositif de la protection de l’enfance », avertit le Défenseur.

« Le gouvernement prépare le démantèlement de la Lande de Calais, et il ira jusqu’au bout », a promis François Hollande, le 26 septembre devant les forces de l’ordre rassemblées au siège de la gendarmerie mobile à Calais. « C’est une opération qui est forcément exceptionnelle parce que nous sommes dans une situation exceptionnelle », a-t-il précisé.