A quoi ressemblera la sélection en master ?
A quoi ressemblera la sélection en master ?
Par Camille Stromboni
A la rentrée 2017, les universités pourront sélectionner à l’entrée du master et les étudiants recalés auront droit à trois propositions d’admission. A condition de mettre en place les outils pour que ces principes ne restent pas théoriques.
Jussieu (université Pierre-et-Marie-Curie). | Camille Stromboni
Les présidents d’université, les syndicats de personnels et les organisations étudiantes ont trouvé un accord sur la réforme de la sélection en master, scellé mardi 4 octobre. Deux principes vont être déclinés dans la loi et la réglementation, pour s’appliquer dès les inscriptions en vue de la rentrée 2017 : une sélection à l’entrée du master 1 d’une part, à la place de celle existant actuellement entre le M1 et le M2, et un droit à la poursuite d’études pour les étudiants titulaires d’une licence.
- Une sélection en M1
Désormais, le processus de recrutement va se dérouler à l’entrée du master. Les universités pourront fixer des capacités d’accueil pour l’accès en M1 et subordonner l’admission à un concours ou à un examen du dossier du candidat. En cas de refus, elles devront communiquer leur décision à l’étudiant, avec les motivations de ce rejet.
Les universités ne pourront plus, en revanche, sélectionner entre le M1 et le M2. Sauf dans deux disciplines, d’après le ministère de l’éducation nationale : le droit et la psychologie. Et ce, à titre transitoire, en raison des situations particulières de ces deux filières : en psychologie, car le M2 mène à une profession réglementée, tandis qu’en droit, de nombreux concours sont ouverts à bac + 4 (avocat, juge, etc.).
Les étudiants actuellement en M1 ne sont pas concernés par la réforme : ils pourront être sélectionnés à leur entrée en M2 en 2017, à condition que cette formation soit listée dans le décret master. Celui-ci, publié en mai, autorise pour l’instant 40 % des M2 à sélectionner leurs étudiants. Il devrait être modifié en vue de la prochaine rentrée.
- Un droit à la poursuite d’études
Lorsqu’un étudiant titulaire d’une licence n’aura reçu aucune proposition d’admission en réponse à ses candidatures en master, il pourra faire valoir ce nouveau droit à la poursuite d’études auprès du recteur de la région académique où il a obtenu sa licence.
Le recteur devra lui faire au moins trois propositions d’admission, en accord avec les chefs d’établissements concernés, en tenant compte de l’offre de formation, des capacités d’accueil, du projet professionnel de l’étudiant, de l’établissement dont il vient, et des prérequis des formations.
Au moins l’une de ces propositions de master concernera, en priorité, l’établissement dans lequel l’étudiant a obtenu sa licence, lorsque l’offre de formation le permet, et à défaut un établissement de la même académie.
- Des bourses à la mobilité
Si un étudiant obtient une admission en master qui implique une mobilité géographique, il devrait bénéficier d’une bourse ou d’une prime à l’installation, grâce à la création d’un fonds spécifique d’aide à la mobilité, prévoit le gouvernement. Le montant de ces aides et la forme qu’elles prendraient n’ont pas été précisés pour l’instant.
- Un site Internet : trouvermonmaster.gouv.fr
Le ministère de l’éducation nationale prévoit de développer un site Internet intitulé trouvermonmaster.gouv.fr, qui présentera l’ensemble des filières de master. Devront y figurer les prérequis demandés à l’entrée, notamment les mentions de licence acceptées, et une information sur les capacités d’accueil. « Ce site n’a pas vocation à assurer une gestion de vœux », précise le communiqué du ministère, contrairement à la plate-forme d’admission Postbac (APB), dont le fonctionnement est régulièrement critiqué.
- De nombreuses inconnues
Reste à voir comment ces engagements vont pouvoir être respecté concrètement, dans un délai extrêmement serré. Au-delà du vote de la loi et de la prise des textes réglementaires instaurant cette réforme, il faudra sur le terrain un certain nombre d’outils permettant à cette sélection à l’entrée du M1 d’être effective tout en assurant le droit à la poursuite d’études de tous ceux qui le souhaitent.
Concernant le recrutement tout d’abord, il n’est pas certain que toutes les formations de master soient prêtes, dans leur organisation pédagogique, à proposer un cycle sur deux ans recrutant à l’entrée du M1, dès 2017. Les mentions de droit et de psychologie pourraient donc ne pas être les seules exceptions à figurer dans le décret listant les masters 2 autorisés à sélectionner.
Ensuite, ce droit à la poursuite d’études, qui se matérialisera par les trois propositions promises à un étudiant recalé, suppose que le recteur ait connaissance des places disponibles dans les masters de l’académie correspondant au projet professionnel de l’étudiant.
C’est tout l’enjeu de la plate-forme des masters en cours d’élaboration, certes seulement informative d’après le ministère, mais qui devra dépasser le simple panorama, pour que ce droit ne reste pas seulement théorique. Les présidents d’université ont rendez-vous au ministère lundi 10 octobre, pour avancer sur ces questions pratiques.
« Le temps nous est compté, la balle est dans le camp du ministère, souligne Gilles Roussel, président de l’université Marne-La Vallée et membre du bureau de la conférence des présidents d’université (CPU). Nous avions commencé à travailler sur une plate-forme mais elle devra être d’une tout autre ampleur afin que le recteur puisse faire ces propositions de manière fluide, sans transformer le système en usine à gaz. »
Les universités auront, dans les mois qui viennent, à déterminer les capacités d’accueil de l’ensemble de leurs masters, « en dialogue avec l’Etat », prévoit le ministère. Puis à les faire remonter jusqu’à cette plate-forme, ainsi que les critères prévus à l’entrée de chaque master.
Sans oublier la nécessité que ce site permette, en temps réel, de voir où il reste des places disponibles. Un véritable défi quand on sait que les processus de recrutement des masters vont débuter courant avril.