Le prix Nobel de la paix 2016 a été attribué, vendredi 7 octobre, au président colombien, Juan Manuel Santos, pour ses efforts en faveur du processus de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Le président a indiqué qu’il dédiait ce prix « aux millions de victimes du conflit ». « Les Colombiens vont recevoir [le prix] avec émotion, plus particulièrement les victimes qui vont être très, très heureuses car c’est en leur nom que cette récompense est accordée », a-t-il insisté.

Aussitôt la nouvelle annoncée, de nombreuses personnalités politiques ont réagi. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a estimé que l’attribution du Nobel de la paix à M. Santos apportait « espoir et encouragement » aux Colombiens. Même si le non l’a emporté au référendum qui devait sceller l’accord avec la guérilla marxiste, le processus de paix « est allé trop loin pour reculer maintenant », a-t-il ajouté.

En France, le président François Hollande a, lui aussi, félicité « chaleureusement » son homologue. « Cette distinction salue son action résolue pour mettre fin au conflit avec les FARC, l’un des plus meurtriers des cinquante dernières années, a-t-il déclaré dans un communiqué. La France a toujours été à ses côtés et le restera pour que le dialogue l’emporte sur la confrontation et que le courage de la paix s’impose. »

« C’est très dur pour moi »

L’ancienne otage des FARC en Colombie Ingrid Betancourt, qui a également tenu à s’exprimer, a suscité la surprise en déclarant que, selon elle, le mouvement de guérilla aurait dû partager le prix Nobel décerné au président. A la question d’un journaliste de la chaîne i-Télé – « Les gens qui vous ont enlevée méritaient-ils aussi le Nobel de la paix ? » – Mme Betancourt a répondu, très émue : « Ecoutez… Oui. C’est très dur pour moi de dire oui, mais je crois que oui. » « Je suis très, très, très heureuse » de l’attribution du prix à Juan Manuel Santos, a poursuivi celle qui fut séquestrée par les FARC entre 2002 et 2008.

« Je crois que c’est non seulement mérité, mais c’est aussi un moment de réflexion pour la Colombie, d’espoir de paix, de joie de se dire effectivement que la paix n’a pas de retour en arrière. »

Le chef des FARC, Timoleon Jiménez, dit Timochenko, a répondu que « le seul prix » que la guérilla souhaitait obtenir est celui de « la paix avec la justice sociale » pour une « Colombie sans paramilitaires, sans représailles ni mensonges », a-t-il écrit sur Twitter, concluant son message par le mot-clé #Paixdanslarue.

L’ex-président colombien Alvaro Uribe, leader de la campagne pour le non au référendum, a toutefois, lui aussi, tenu à féliciter vendredi son successeur, espérant qu’il permette de « changer des accords nocifs pour la démocratie ».

Raed Saleh, le chef des Casques blancs syriens qui figuraient parmi les prétendants au prix Nobel de la paix, a félicité « le gagnant pour ce prix » et souhaité « la paix » à « tous les Colombiens ». « Nous aurions aimé recevoir le prix, car cela aurait été un immense encouragement pour tous les sauveteurs », a-t-il néanmoins admis, ajoutant que « sauver une vie reste le prix le plus important que nous puissions recevoir ».