Des militants des Amis de la Terre et d'ANV-COP21 déguisés en kangourous ont investi le siège d'Engie à la Défense, mardi 13 septembre. | Raphaël BODIN / Raphaël BODIN

« Engie doit fermer la centrale à charbon d’Hazelwood, en Australie. » Tel était le message délivré par une cinquantaine de militants, dont trente déguisés en kangourous, qui ont investi, mardi 13 septembre dès 9 heures, le siège du groupe énergétique français à la Défense (Hauts-de-Seine).

Sur le rythme de la chanson « Dis-moi oui, Engie ! », l’air revisité des Rita Mitsouko (« Dis-moi oui, Andy »), les militants des Amis de la Terre et d’Action non violente-COP21, soutenus par l’ONG américaine 350.org, ont interpellé l’entreprise afin qu’elle ferme cette centrale à charbon, « l’une des plus polluantes au monde », selon eux. En coordination avec l’action des militants pour le climat en France, une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées devant les bureaux d’Engie à Melbourne, dès 8 h 30 (heure locale) ce mardi.

« Depuis le début de l’année 2016, Engie vend des centrales à charbon partout dans le monde, explique Malika Peyrault, des Amis de la Terre. L’entreprise veut se présenter comme vertueuse, alors qu’en réalité, ces centrales continueront de fonctionner, contribuant inexorablement à la crise climatique et à la fragilisation des travailleurs. Pour cesser cette hypocrisie climatique, Engie doit fermer Hazelwood, accompagner les travailleurs et écouter les communautés locales. »

« Tous les scénarios possibles : fermeture, cession… »

Pour les militants écologistes, Engie ainsi que le gouvernement français, actionnaire à 33 % de la compagnie, doivent non pas vendre les centrales à charbon, mais les fermer. Lors d’une audition par la commission des affaires économiques au Sénat, le 25 mai, la directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher, avait déclaré l’intention du groupe de « stopper » les investissements dans la production d’énergie à base de charbon. 

« S’agissant de la centrale électrique de Hazelwood, dans l’Etat de Victoria, en Australie, nous l’avons acquise en 2012 lors du rachat d’International Power, expliquait alors Mme Kocher. Elle est située dans un Etat dans lequel la majeure partie de l’électricité vient de ces centrales à charbon. Cette centrale a la particularité d’être située à côté d’une mine à ciel ouvert qui a malheureusement brûlé. Nous examinons tous les scénarios possibles : fermeture, cession C’est dans notre plan de sortie du charbon. » A la suite de l’action militante, mardi, la direction du groupe Engie confirmait que les deux scénarios, fermeture ou vente de la centrale, restaient ouverts.

De leur côté, les militants rappellent l’engagement pris par les Etats, lors de la COP21, au Bourget en décembre 2015, de contenir le réchauffement climatique en dessous des 2 °C. « Il faut pour cela laisser 80 % des combustibles fossiles dans le sol », rappelle Clémence Dubois, de 350.org.

En Australie, en proie à l’augmentation des vagues de chaleur et des feux de brousse notamment, les militants ne veulent plus de centrales à charbon, quel que soit leur propriétaire, Engie ou un autre groupe énergétique. « Le changement climatique risque de causer d’énormes problèmes en Australie (…). Dans l’Etat de Victoria, nous nous dirigeons vers une société sans émission d’ici à 2050. Nous appelons Engie à assumer ses responsabilités pour l’environnement, les travailleurs et la communauté locale », rappelle Cat Nadel, de l’organisation australienne Environment Victoria.