Enquête électorale française 2017 - 7e vague - Cevipof Ipsos-Sopra Steria - 25/10/2016 | Infographie "Le Monde"

A un mois de la primaire de la droite, organisée les 20 et 27 novembre, le baromètre est au beau fixe pour Alain Juppé. Tout au moins au vu des derniers résultats de l’enquête électorale menée par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), en collaboration avec Le Monde et réalisée par Ipsos-Sopra Steria ; un sondage d’une ampleur inédite, qui repose sur l’interrogation périodique d’un panel de près de 20 000 personnes.

Enquête électorale française 2017 - 7e vague - Cevipof Ipsos-Sopra Steria - 25/10/2016 | Infographie "Le Monde"

Malgré la taille de cet échantillon, gage d’une plus grande fiabilité, cette enquête, comme tout sondage, n’est qu’une photo (imparfaite) de l’état de l’opinion à un moment donné. Elle n’a aucun caractère prédictif. Il reste que cette photo est sensiblement différente de la précédente. La sixième vague, qui avait été réalisée du 9 au 18 septembre – et dont nous avions publié les résultats dans Le Monde du 27 septembre –, avait reflété la dynamique du début de campagne de Nicolas Sarkozy. Cet engouement a connu un net coup d’arrêt, enregistré par différents instituts à partir de la fin septembre.

Enquête électorale française 2017 - 7e vague - Cevipof Ipsos-Sopra Steria - 25/10/2016 | Infographie "Le Monde"

La septième vague de notre enquête, réalisée du 14 au 19 octobre auprès de 17 047 personnes, dont 1 217 se déclarant certaines d’aller voter à la primaire, le confirme. M. Sarkozy avait gagné six points d’intentions de vote au premier tour entre mai et septembre, tandis que M. Juppé en avait perdu dans la même période. L’écart, qui était de 16 points en mars en faveur de l’ancien premier ministre, s’était réduit à 4 points (37 % contre 33 %). Il est revenu à onze points dans la septième vague. M. Juppé est crédité de 41 % d’intentions de vote (+ 4 points en un mois), tandis que M. Sarkozy redescend à 30 % (– 3), au niveau qu’il avait atteint en juin. Confirmation : le match devrait se jouer entre ces deux candidats. François Fillon, à 12 % (+ 2), chipe de justesse la troisième place à Bruno Le Maire (11 %, – 2), mais tous deux restent distancés de près de 20 points par M. Sarkozy.

La nette progression de M. Juppé s’observe au sein de tous les électorats. Et en tout premier lieu parmi les sympathisants du parti Les Républicains (LR), qui forment de loin le plus gros bataillon (56 %) des personnes se disant certaines d’aller voter à la primaire. Auprès de cet électorat, l’ancien premier ministre est en hausse de 6 points, à 34 % d’intentions de vote. M. Sarkozy, dont c’est le cœur de cible et le « socle », y perd 5 points, à 42 %. L’avance de l’ancien président parmi les sympathisants LR était de 14 points en septembre ; elle n’est plus que de 8 points.

La tendance s’inverse également chez les sympathisants du Front national, pour lesquels M. Sarkozy ne ménage pourtant pas sa peine dans ses discours. 34 % d’entre eux (– 7 points) disent avoir l’intention de voter en sa faveur, contre 25 % (+ 4 points) pour M. Juppé. Ce dernier progresse encore chez les centristes (70 %, + 3) et parmi les sympathisants de gauche (71 %, + 5), deux électorats qui étaient déjà très largement acquis à sa cause.

Enquête électorale française 2017 - 7e vague - Cevipof Ipsos-Sopra Steria - 25/10/2016 | Infographie "Le Monde"

Il semble qu’en accentuant jusqu’à la caricature, ces dernières semaines, des thématiques très droitières et un style populiste qui sont devenus sa marque de fabrique, M. Sarkozy ait suscité nettement plus de rejet que d’engouement. Il est réapparu en campagne tel qu’en lui-même, alors qu’il avait tenté de corriger partiellement son image dans un livre en forme de mea culpa (La France pour la vie, Plon, 264 p., 18,90 €), publié fin janvier. Ce faisant, l’ancien président a réactivé son image clivante et mobilisé ses opposants contre lui. La publication par Patrick Buisson d’un livre à charge et la diffusion à la télévision d’un documentaire sur l’affaire Bygmalion, début octobre, ont également contribué à rappeler au « bon » souvenir des Français certaines des pages les plus sombres de son quinquennat.

M. Juppé, à l’évidence, profite pleinement des réflexes antisarkozysmes qui restent vivaces auprès d’une partie de l’opinion depuis 2012, et qui tendent à resurgir à chaque outrance de l’ancien président. L’ancien premier ministre en est le réceptacle naturel. On peut l’observer dans les motivations de vote à la primaire. Seuls 39 % de ceux qui déclarent avoir l’intention de voter en faveur de M. Juppé le justifient « par adhésion à ce candidat », alors que cette raison est évoquée par 62 % de ceux qui se prononcent pour M. Sarkozy. 21 % expliquent avoir choisi M. Juppé « pour barrer la route à un autre candidat », contre 11 % de ceux qui se portent sur la candidature de M. Sarkozy.

Pour cette raison, M. Juppé bénéficie toujours, à ce stade, de bons reports de voix. Ce qui lui permet de creuser l’écart dans les intentions de vote de second tour. Selon les résultats de cette septième vague, il l’emporterait avec 60 % (+ 4 points par rapport à septembre), contre 40 % (– 4) à M. Sarkozy. Les personnes interrogées dans cette enquête ont intégré le fait que la balance penche, pour l’instant, très nettement en faveur de M. Juppé. 70 % (+14 points) des personnes interrogées, 62 % (+13) de ceux qui se disent certains d’aller voter, estiment qu’il va l’emporter.