Prise d’assaut mortelle dans une école de police du Pakistan
Prise d’assaut mortelle dans une école de police du Pakistan
Le Monde.fr avec AFP
Quarante-quatre morts et des centaines de blesssés sont à déplorer, selon un bilan provisoire, lors de cette attaque qui a eu lieu lundi 24 octobre dans une province stratégique du pays.
La police pakistanaise arrive à l’école de police attaquée de Quetta, le 24 octobre 2016. | BANARAS KHAN / AFP
Les troupes pakistanaises tentaient de déloger des assaillants ayant pris d’assaut, lundi soir, une école de police dans le sud-ouest du Pakistan. L’attaque a fait 44 morts et une centaine de blessés, selon un bilan provisoire des autorités.
Les assaillants, une demi-douzaine selon l’armée, ont pénétré peu avant minuit dans le Collège de police situé à une vingtaine de kilomètres à l’est de Quetta, la capitale de la province instable du Baloutchistan.
Deux assaillants ont été tués et plus de 200 recrues en formation ont été libérées, a indiqué via Twitter le ministre de l’intérieur de la province, Mir Sarfaraz Ahmed Bugti.
Ce dernier avait indiqué qu’en temps normal, l’établissement compte environ 700 pensionnaires, mais un certain nombre d’entre eux ayant récemment été diplômés, il ne pouvait dire « combien ils sont maintenant ».
Tirs à la kalachnikov dans les dortoirs
« J’ai vu trois hommes en tenue de camouflage, le visage caché et armés de kalachnikovs, a raconté un témoin se présentant comme policier en formation, interviewé par une chaîne télévisée. Ils ont commencé à tirer et sont entrés dans le dortoir mais j’ai réussi à m’échapper en passant par dessus un mur. » Des troupes ont rapidement été déployées sur les lieux, appuyées par des hélicoptères.
Les chaînes de télévision montraient des soldats entrant dans l’académie de police, tandis que des ambulances emmenaient les blessés à toute allure. Un policier est décédé de ses blessures avant d’atteindre l’hôpital.
Un photographe de l’AFP sur place a constaté que toute la zone était plongée dans le noir et encerclée par les forces de sécurité, militaires, commandos de la police et unités chargées de la surveillance des frontières.
Aucun groupe n’a pour le moment revendiqué cette action, mais une insurrection séparatiste secoue de longue date le Baloutchistan, une province qui est par ailleurs en proie à des conflits inter-communautaires et à des violences commises par une kyrielle de groupes islamistes.
Attaques à la chaine
Le 7 octobre, six personnes avaient été tuées au Baloutchistan dans une attaque qui avait visé des militaires voyageant dans un train de passagers et dont l’Armée de libération baloutche (BLA) avait endossé la responsabilité.
En août, un attentat revendiqué à la fois par une faction talibane, Jammat-ul-Ahrar (JuA), et par le groupe Etat islamique (EI) avait fait 73 morts dans un hôpital de Quetta au moment où la foule s’y recueillait sur la dépouille du bâtonnier de la province, assassiné quelques heures plus tôt.
Le Baloutchistan, la plus vaste et la plus pauvre des provinces du Pakistan en dépit d’importantes ressources naturelles, est également stratégique car c’est là que débouchent d’ambitieuses infrastructures routières et énergétiques reliant la Chine à la mer d’Arabie.
Ce couloir économique sino-pakistanais (CPEC), qui a requis 46 milliards de dollars d’investissements chinois, a été la cible de nombre d’attaques, notamment de séparatistes baloutches, mais la Chine s’est dite confiante quant à la capacité de l’armée pakistanaise à y contrôler la situation.