Des affrontements au cours d’une manifestation contre le président Nicolas Maduro, à San Cristobal. | GEORGE CASTELLANOS / AFP

L’opposition vénézuélienne a démenti lundi 24 octobre qu’un dialogue ait commencé entre elle et le gouvernement du président Nicolas Maduro, comme l’avait annoncé Emil Paul Tscherrig, un émissaire du pape François.

Il avait affirmé à Caracas que « le dialogue national » avait « commencé », après une première rencontre entre représentants du gouvernement et de l’opposition ayant pour objectif d’« établir les conditions pour organiser une réunion plénière » sur l’île Margarita (Nord) le 30 octobre.

L’opposition, qui réclame le départ de Nicolas Maduro, ne considère pas que cette rencontre constitue l’ouverture formelle d’un dialogue. « Quel dialogue ? Au Venezuela, aucun dialogue n’a commencé », a réagi Henrique Capriles, leader de la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD, centre droit), dans une déclaration sur l’application de vidéo en direct Periscope. Il a également dit ne pas avoir connaissance d’un supposé consensus, mentionné pour une « réunion plénière » des deux parties le 30 octobre.

Le Vatican avait déclaré dans la journée de lundi que le pape François venait de recevoir le président Nicolas Maduro, une audience qui n’avait pas été annoncée. « Il l’a invité à entrer avec courage dans la voie d’un dialogue sincère et constructif » avec l’opposition, selon un communiqué du Saint-Siège.

De vives tensions politiques

Le président Maduro est ensuite apparu à la télévision vénézuélienne pour raconter sa rencontre avec le souverain pontife, le « remerciant » pour son « soutien afin qu’on installe enfin une table du dialogue au Venezuela entre les différents courants de l’opposition et le gouvernement ».

Cette annonce surprise de dialogue puis son démenti surviennent à un moment d’extrême tension. En effet, le Conseil national électoral (CNE) a récemment bloqué le processus d’un référendum visant à destituer le président Maduro, générant des accusations de « coup d’Etat » dirigé contre le gouvernement par un Parlement dominé par l’opposition.

La MUD, qui réunira mardi le Parlement, brandissait d’ailleurs la menace de déclencher « un procès et une procédure devant le Parlement » contre le président accusé d’avoir manipulé le CNE à son avantage. Avec le référendum dans l’impasse, l’opposition étudie désormais tous les moyens d’obtenir le départ anticipé de Nicolas Maduro, élu en 2013 et dont le mandat s’achève en 2019.

Pénurie de 80 % des aliments et médicaments

L’opposition reproche au chef de l’Etat, héritier politique du défunt Hugo Chavez (1999-2013), d’avoir fait sombrer le pays, producteur de pétrole, en plein naufrage économique en n’ayant pas su anticiper la chute des cours du brut ni y réagir à temps.

Au quotidien, cette crise a des conséquences désastreuses pour les Vénézuéliens, obligés de patienter des heures face à des supermarchés et pharmacies aux rayons presque vides ou aux produits aux tarifs inabordables.

Les pénuries concernent 80 % des aliments et des médicaments, et l’inflation, totalement incontrôlable, est évaluée par le FMI à 475 % cette année et devrait s’élever à 1 660 % en 2017.