Au nord de Firoz Koh, dans la province afghane de Ghor, une quarantaine de corps ont été retrouvés sans vie mercredi 26 octobre. | STR/AFP

Souvent dans une grande indifférence, les populations civiles afghanes continuent de payer lourdement la violence qui règne dans ce pays en dépit de plus de quinze ans de présence militaire étrangère. Une quarantaine de villageois, fermiers et bergers pour la plupart, ont ainsi été tués, mardi 25 octobre dans la soirée, par un groupe d’insurgés se revendiquant de l’organisation Etat islamique (EI) au cœur de la province montagneuse de Ghor, située dans le centre du pays. Les corps ont été découverts, mercredi matin, criblés de balles.

Selon le gouverneur provincial, Abdul Nasir Khashe, « ces civils parmi lesquels se trouvaient des enfants avaient été pris en otage en guise de représailles après la mort d’un commandant local de l’EI ». Soutenus par des forces de sécurité, les villageois de Ghalmin et Murghab avaient mené, mardi, une opération contre ce groupe au cours de laquelle de laquelle un commandant nommé Farouk et trois membres de son groupe avaient trouvé la mort. Des sources officielles locales expliquent que « les villageois voulaient empêcher les combattants de Daech [acronyme arabe de l’EI] de voler leur bétail ».

Dès l’annonce de cette tuerie, le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a indiqué à l’Agence France Presse que son mouvement « n’avait rien à voir dans l’incident de Ghor » et qu’ils avaient déjà commencé à enquêter sur cette affaire. D’après lui, des combats ont aussi opposé deux tribus tadjikes, qui s’étaient déjà affrontées dans le passé, les villageois Khodayar rangés du côté des forces de l’ordre et de l’autre les Morghabi, partisans de l’EI. Auparavant, a-t-il ajouté, ce groupe était lié aux talibans et affrontait le gouvernement afghan en leur nom.

323 500 civils déplacés depuis le début de l’année

D’après l’ONU, les neuf premiers mois de 2016 totalisent le plus haut niveau de victimes civiles en Afghanistan avec 8 397 personnes touchées par la guerre depuis que l’organisation internationale effectue cette recension en 2009. Les insurgés seraient responsables de près de 60 % de ces violences. Près de 30 % de ce chiffre serait imputable aux forces gouvernementales et aux frappes américaines. Le reliquat est attribué à des causes non établies. L’ONU estime que 639 enfants sont morts et 1 822 ont été blessés au cours de cette période.

Par ailleurs, au 16 octobre, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) comptabilisait au moins 323 500 civils déplacés depuis le début de l’année en Afghanistan.

Les récentes offensives des talibans, dont celles sur Kunduz (nord) et dans le Helmand (sud), ont fait des dizaines de morts et de disparus au sein des forces régulières et contraint des dizaines de milliers de civils à fuir. « Sur la seule semaine passée, entre les combats à Kunduz et dans le sud, au moins 39 000 personnes ont été déplacées », a indiqué l’OCHA. En 2015, les forces afghanes ont perdu près de 5 000 hommes et recensé 15 000 blessés dans leur lutte contre les talibans.