Traité de libre-échange CETA : en quoi consiste l’accord belgo-belge
Traité de libre-échange CETA : en quoi consiste l’accord belgo-belge
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen), Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
Ce compromis, trouvé jeudi, sur le projet de traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA) doit être entériné, vendredi, par les parlements régionaux concernés.
Le ministre-président wallon Paul Magnette le 27 octobre. | JOHN THYS / AFP
L’accord « belgo-belge » conclu jeudi 27 octobre sur le projet de traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada – le CETA – doit être entériné, vendredi 28 octobre, par les parlements régionaux concernés, afin que Charles Michel, le premier ministre, puisse y apposer sa signature.
Après avoir dit non au CETA, au motif qu’il représentait un danger pour l’économie et les standards sociaux de la région, et après une semaine de négociations ininterrompues avec la Commission européenne et le gouvernement canadien, puis avec les autres régions et le pouvoir fédéral belge, le Parlement et le ministre-président de la Wallonie, le socialiste Paul Magnette, ont estimé avoir obtenu un accord jugé « honorable ».
- Quels sont les points sur lesquels les Belges se sont finalement entendus ?
La Wallonie ainsi que la région de Bruxelles ont obtenu des garanties que leur système de protection sociale ne serait en aucun affecté par le traité. Dans les concessions figure également une clause de retrait du pays du CETA si les importations de produits agricoles canadiens perturbaient trop le secteur en Wallonie.
Par ailleurs, les Wallons ont obtenu que les tribunaux d’arbitrage des différends entre multinationales et Etats – la partie la plus controversée du CETA – ne seront pas mis en place durant l’application provisoire du traité. Les ministres européens du commerce des 28 s’étaient toutefois déjà entendus sur cette disposition le 18 octobre.
L’accord « intra-belge » indique également que le royaume s’engage à saisir la Cour de justice de l’Union européenne sur la conformité au regard du droit européen des tribunaux d’arbitrage du CETA.
Les Wallons affirment avoir reçu l’assurance que les juges chargés de trancher les litiges ne seront pas issus des milieux d’affaires, mais choisis et rémunérés par les Etats.
- Les concessions obtenues sont-elles marquantes ?
Paul Magnette a évoqué, jeudi soir, « plusieurs dizaines de pages qui apportent des amendements, ou des précisions ». « Il est écrit noir sur blanc que tout cela est juridiquement contraignant », a-t-il indiqué. « Très, très content », le responsable socialiste a évoqué « la nouvelle norme pour les prochains traités commerciaux ».
Cela n’a toutefois pas convaincu la gauche radicale et les écologistes qui le soutenaient jusque-là mais sont hostiles au principe même d’un tel traité. Ceux-ci ont exprimé leurs critiques lors d’un débat de trois heures au Parlement de Namur, jeudi soir.
Les diplomates européens, qui négocient le CETA depuis mi-octobre, sont également dubitatifs. Pas une ligne du traité proprement dit n’a été modifiée, a insisté, de son côté, le premier ministre belge, Charles Michel, rival politique de M. Magnette.
C’est la « déclaration interprétative », une annexe rédigée par la Commission pour l’Autriche, l’Allemagne ou la Slovénie, elles aussi réticentes vis-à-vis du CETA, qui a été amendée.
- Quel peut désormais être le calendrier d’adoption du traité ?
La réunion des ambassadeurs des Vingt-Huit a avalisé, jeudi, les demandes belges, ouvrant la voie à la signature du CETA par les chefs d’Etat européens. Celle-ci devrait intervenir avant vendredi soir.
Il faudra ensuite reprogrammer le sommet UE-Canada – le rendez-vous, qui était prévu jeudi, avait été annulé – pour permettre au premier ministre Justin Trudeau de venir parapher le traité.
Qu'est-ce que le CETA ?
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