Turquie : le gouvernement nomme un remplaçant aux maires kurdes de Diyarbakir
Turquie : le gouvernement nomme un remplaçant aux maires kurdes de Diyarbakir
Le Monde.fr avec AFP
Les remplacements de responsables élus par des administrateurs nommés par Ankara se sont multipliés ces dernières semaines dans le sud-est du pays.
Une manifestation pro-kurde à Diyarbakir, le 30 octobre. | ILYAS AKENGIN / AFP
Les autorités turques ont annoncé, mardi 1er novembre, avoir nommé un administrateur pour diriger la principale ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, Diyarbakir, dont les deux maires, accusés d’activités « terroristes », ont été placés en détention.
Cumali Atilla, jusque-là sous-préfet d’Etismegut, dans la province d’Ankara, a été désigné pour prendre les commandes de la municipalité, a indiqué le gouvernorat de Diyarbakir dans un communiqué.
Cette annonce survient deux jours après l’incarcération des deux maires de Diyarbakir élus ensemble en 2014 : Gültan Kisanak et Firat Anli. Ils sont accusés d’avoir apporté un soutien idéologique ou matériel au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, organisation classée terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l’Union européenne), quand des combats ont éclaté à l’automne 2015 dans un quartier de Diyarbakir.
Le Conseil de l’Europe, dont la Turquie est membre, s’est dit « particulièrement préoccupé » par leur arrestation, qui a déclenché une vague de manifestations dans le sud-est de la Turquie et à Istanbul.
Vague de remplacements
Les remplacements de responsables élus par des administrateurs nommés par Ankara se sont multipliés ces dernières semaines dans le sud-est du pays. Les autorités affirment qu’il s’agit d’une mesure nécessaire dans le cadre de la lutte contre le PKK.
En septembre, vingt-quatre maires accusés de liens avec le PKK ont été suspendus de leurs fonctions et remplacés par des administrateurs proches de l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002. Aydin Mustu, l’un des administrateurs désignés par le gouvernement pour gérer un quartier de la ville de Van, a été tué par balle le 16 octobre.
Le sud-est de la Turquie est ensanglanté par des combats quotidiens entre le PKK et les forces de sécurité depuis la rupture, à l’été 2015, d’un fragile cessez-le-feu, qui a sonné le glas du processus de paix pour mettre un terme au conflit qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984.