Des milliers de Malaisiens manifestent samedi 19 novembre dans le calme à Kuala Lumpur pour demander la démission du premier ministre, Najib Razak. | MOHD RASFAN / AFP

Des milliers de Malaisiens ont manifesté, samedi 19 novembre, dans le calme à Kuala Lumpur pour demander la démission du premier ministre, Najib Razak, soupçonné d’avoir, selon des médias, détourné quelque 900 millions d’euros. Comme à la fin d’août 2015, des Malaisiens vêtus de jaune ont défilé, à l’appel du mouvement Bersih, pour demander la destitution de leur premier ministre et sa traduction en justice.

La contestation contre Najib Razak s’explique par les révélations de l’énorme scandale financier affectant la société publique 1Malaysia Development Berhad (1MDB), un fonds souverain créé à son initiative peu après son arrivée au pouvoir, en 2009, mais endetté aujourd’hui à hauteur de 10 milliards d’euros. Le premier ministre est soupçonné, selon le Wall Street Journal, d’avoir perçu 1 milliard de dollars (900 millions d’euros), ce qu’il nie.
Cette affaire de détournement de fonds fait l’objet d’enquêtes dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis et en Suisse.

En Malaisie, la tension monte depuis des semaines, après les menaces émanant des « chemises rouges », favorables au gouvernement Razak, de s’en prendre aux « chemises jaunes ». Les « chemises rouges » se sont mobilisées elles aussi, samedi, mais en petit nombre et elles se sont rapidement dispersées. Dans les heures précédant les manifestations de samedi, les autorités avaient d’ailleurs fait procéder à l’arrestation des leaders des deux mouvements, au risque d’aggraver encore la situation.

« Nous voulons un gouvernement propre »

Aucune violence n’était signalée samedi en fin d’après-midi alors que Kuala Lumpur était quadrillée par les forces antiémeute et que le trafic automobile était très perturbé par les nombreux barrages. Les manifestants entendaient au départ marcher jusqu’à la place de l’indépendance, mais celle-ci a été totalement fermée par les forces de l’ordre.

« Nous voulons un gouvernement propre, nous voulons des élections libres », a plaidé Derek Wong, 38 ans, l’un de ces milliers de manifestants appelés à marcher par Bersih, armés pour nombre d’entre eux de tambours et de vuvuzelas : « En tant que citoyen, je suis ici pacifiquement pour décider de l’avenir de mon pays. Et nous espérons voir Najib destitué et poursuivi en justice. »

Le mouvement Bersih – « propre » en malais – est une alliance d’associations et d’organisations non gouvernementales qui demande depuis des années une réforme électorale. Depuis deux ans leurs manifestations portent principalement sur le scandale 1MDB. Les 29 et 30 août 2015 des dizaines de milliers de manifestants étaient une première fois descendus dans la rue pour demander le départ du premier ministre dans le cadre de cette affaire. Vendredi, lors d’un entretien à la radio, Najib Razak avait qualifié ce nouvel appel à manifester de tentative « honteuse » de « destituer un gouvernement démocratiquement élu ».