Des officiers turcs de l’OTAN demandent l’asile politique en Europe
Des officiers turcs de l’OTAN demandent l’asile politique en Europe
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
Le secrétaire général de l’Alliance Atlantique doit se rendre dimanche à Istanbul. Embarrassée par la répression en Turquie, l’organisation ne peut pas rompre avec un allié clé dans une région en crise.
Réunion des ministres de la défense des pays membres de l’OTAN à Bruxelles le 24 octobre | GEET VANDEN WIJNGAERT/ AP
Le secrétaire général de l’Alliance Atlantique (OTAN), Jens Stoltenberg, a confirmé, vendredi 18 novembre, que « plusieurs » membres de la délégation turque auprès de l’organisation avaient demandé l’asile politique en Europe.
« Il est exact que des officiers turcs employés dans la structure de commandement ont sollicité l’asile dans les pays où ils travaillent », a déclaré M. Stoltenberg lors d’une conférence à Bruxelles. La direction de l’OTAN, comme plusieurs délégations au siège de l’Alliance, refuse de préciser combien de personnes sont concernées.
Mercredi, la presse allemande révélait que des soldats de la base aérienne de Rammstein et leur famille avaient demandé l’asile. Leurs demandes s’ajoutent aux quelque 4 400 enregistrées dans ce pays depuis le début de l’année. En Grèce, huit militaires qui avaient fui dès le 16 juillet, au lendemain du coup d’Etat avorté, ont demandé l’asile mais leur requête a été rejetée à la fin du mois de septembre. Ils ont fait appel tandis qu’Ankara réclame leur extradition.
Une situation embarrassante pour l’OTAN
« L’OTAN n’a pas de mandat pour décider d’accorder ou non l’asile », a souligné M. Stoltenberg, qui a convenu que le régime turc avait déjà remplacé des militaires dans les structures de l’organisation. Certains d’entre eux, convoqués dans leur pays après le putsch, ont été appréhendés.
Le secrétaire général de l’OTAN doit se rendre dimanche à Istanbul. Son organisation est, comme l’Union européenne, embarrassée par la situation mais ne peut rompre avec un allié clé dans une région en crise. L’Alliance a condamné le putsch de juillet mais elle a demandé le respect de la démocratie, des libertés et de l’Etat de droit.
En soulignant que la responsabilité d’accorder, ou non, l’asile dépend de chaque pays, le secrétaire général veut éviter de compliquer la relation entre l’OTAN et un régime qui multiplie les arrestations, et dès lors les sujets de conflit avec ses alliés européens.