Discours de Nicolas Sarkozy après sa défaite aux élections primaires de la droite et du cente à Paris le 20 novembre. | OLIVIER LABAN-MATTEI / M.Y.O.P POUR LE MONDE

Nicolas Sarkozy rêvait d’un retour par la grande porte. Soutenu par le peuple de droite, il aurait sa revanche. Incapable de se défaire d’un passé très présent pendant cette campagne, il est sorti dès le premier tour de la primaire. Comme en 2012, il a assumé sa défaite sans aucune ambiguïté. « Je ne suis pas parvenu à convaincre une majorité d’électeurs Je respecte leur volonté de choisir d’autres responsables politiques que moi », a déclaré l’ancien président de la République entouré de militants et d’élus.

M. Sarkozy n’a pas donné de consignes de vote mais a expliqué qu’il plébisciterait François Fillon à titre personnel. « Les choix politiques de Fillon me sont plus proches », a expliqué le candidat défait avant de demander à ces sympathisants de ne pas se laisser tenter par le FN : « Je leur demanderai de ne jamais choisir la voie des extrêmes. La France mérite tellement mieux que la politique du pire. »

« Dehors les journalistes »

Dans son discours – qu’il a écrit lui-même –, M. Sarkozy a laissé entendre qu’il se retirait de la vie politique mais sans prononcer de mots définitifs. Il a ainsi déclaré que « ses passions seraient moins publiques » mais qu’il continuerait à suivre la vie politique : « Bonne chance à vous mes chers compatriotes. Tout ce qui touche de près ou de loin à la France me touche personnellement. » L’ancien président de la République a ensuite quitté son QG entouré de ses plus fervents partisans, très amers de la défaite. Beaucoup de membres de son équipe étaient en pleurs. Avant son allocution, certains ont pris à parti les journalistes. « Dehors les journalistes. Vous avez tous voté Hollande. Des traîtres à la France. Des vendus », a lancé une femme dans une atmosphère électrique.

Cacahuètes et charcuterie

Les sympathisants de l’ancien président de la République sont tombés de haut à l’annonce des résultats. A proximité des buffets remplis de cacahuètes et de charcuterie, quelques-uns ont d’abord voulu y croire. « Il n’y a que 3 000 bureaux dépouillés. Il reste encore trois millions de voix, on peut encore passer devant Juppé », estimait Thomas. Il en veut à Alain Juppé qui « ne serait même pas là sans les voix de la gauche ». Mais la résignation s’est vite installée. « Sarkozy est aimé ou détesté mais je pensais que son cercle était plus large », confiait ainsi Capucine.

KO debout

Nicolas Sarkozy a, lui, passé une grande partie de sa soirée au dernier étage entouré de ses proches, notamment Gérald Darmanin, Eric Woerth, Rachida Dati ou encore Claude Guéant. Ses proches conseillers politiques sont restés plutôt discrets. En passant près de la salle de presse, ils ont affiché la tête des très mauvais jours. Entre consternation et incompréhension, tous semblaient KO debout. « C’est un séisme politique », a déclaré Eric Ciotti, porte-parole du candidat tandis qu’un autre proche se montrait plus prolixe : « Nous avons quand même fait une belle campagne. Notre argument d’une alternance franche bien différente du centre a fonctionné mais cela a profité à Fillon. » D’autres accusaient la presse de ne pas avoir assez soutenu l’ancien président.

Plusieurs sarkozystes se disaient plutôt heureux de voir Alain Juppé aussi bas. Comme s’ils se réjouissaient que la ligne libéral-conservatrice de François Fillon l’emporte sur l’alliance au centre prônée par le maire de Bordeaux… Comme si le député de Paris offrait une victoire par procuration de leur stratégie de droite dure. Mais ce résultat reste un échec cuisant pour Nicolas Sarkozy. Trop abîmé dans l’opinion, l’ancien président de la République n’a pas réussi à se reconstruire auprès de la droite. Ses déclarations clivantes – les Gaulois, le climat – et ses idées marquantes – internement des fiches S, pratique du référendum – ont électrisé sa base mais l’ont empêché d’élargir son socle. L’équipe de Nicolas Sarkozy avoue avoir senti la dynamique de François Fillon depuis quelques jours. Sans avoir pu la freiner.