L’UTC Compiègne met philo, musique et sport au programme des futurs ingénieurs
L’UTC Compiègne met philo, musique et sport au programme des futurs ingénieurs
Par Sophie Blitman
Au-delà des savoirs techniques, pour former des professionnels en prise avec la société, l’école d’ingénieurs de Compiègne propose aussi à ses élèves des cours de management interculturel.
« L’ingénieur seul devant sa paillasse ou son écran d’ordinateur, c’est fini ! martèle Frédéric Huet. Aujourd’hui, les problèmes techniques sont liés à des questions sociales, éthiques ou d’usages. » Ce maître de conférences en sciences économiques est également responsable pédagogique du département de technologies et sciences humaines de l’Université de technologie de Compiègne (UTC).
Cours de « prise de parole »
Il y a cinq ans, l’école a revu son offre de formation pour y intégrer des cours de psychologie, d’ergonomie ou de philosophie. Les étudiants en choisissent un ou deux par semestre, parmi la centaine de thématiques proposées.
« Les recherches que nous menons au sein de notre laboratoire montrent que les difficultés rencontrées par les ingénieurs au quotidien ne portent pas sur les aspects techniques de leur métier, mais davantage sur l’organisation du travail, la collaboration des équipes, la présence des clients dans leur activité, énumère Frédéric Huet. Désormais, les entreprises attendent de nouvelles compétences, car les sciences de l’ingénieur pures ne suffisent pas. »
« Avoir des notions d’architecture permet de dépasser l’urbanisme technique », témoigne Hugo Bachellier qui estime avoir ainsi « développé une vision systémique du territoire, intégrant une dimension esthétique et sociale ». Pour sa dernière année, l’étudiant s’est inscrit en cours de « prise de parole publique ». Avec pour objectif de « parvenir à faire passer un discours plus personnel, en posant davantage ma voix et en travaillant sur l’intonation ». « Cela me sera utile pour présenter un projet et justifier des choix techniques face aux collectivités ou aux pouvoirs publics », espère-t-il. D’autres enseignements, comme celui de la musique, mettent l’accent sur le travail collectif et la gestion de projet, à travers, par exemple, l’organisation d’un concert.
Anthropologie et jeux de rôle
Au programme, également : l’interculturalité. « La diversité fait aujourd’hui partie du quotidien des ingénieurs en entreprise, rappelle Frédéric Huet. Aussi est-il important d’avoir conscience que, d’une culture à l’autre, la manière de poser les problèmes ou de définir des priorités varie. » Pour sensibiliser les élèves à cette approche, la formation mêle des concepts théoriques d’anthropologie et de petits jeux de rôles, afin de leur faire comprendre concrètement comment collaborer sans porter de jugement. Ces cours d’ouverture incitent les futurs ingénieurs à ne pas s’enfermer dans des questions techniques, déconnectées de la réalité. Sans prétendre apporter une formation complète dans ces domaines.
Un dossier spécial et un Salon étudiant pour tout savoir sur les écoles d’ingénieurs
Retrouvez notre dossier spécial dédié aux écoles d’ingénieurs, publié progressivement sur notre site (rubrique Ecoles d’ingénieurs) et dans un supplément de 12 pages à paraître dans « Le Monde » daté du jeudi 24 novembre, avec des décryptages, des reportages dans les écoles ainsi que des témoignages.
Des informations à compléter lors du Salon des grandes écoles du Monde, samedi 26 et dimanche 27 novembre à Paris, grâce aux conférences animées par nos journalistes et en rencontrant des responsables et étudiants de nombreuses écoles d’ingénieurs représentées. Entrée gratuite, préinscription recommandée.