« World of Warcraft » : douze ans après, peut-on encore se mettre au plus célèbre jeu en ligne ?
« World of Warcraft » : douze ans après, peut-on encore se mettre au plus célèbre jeu en ligne ?
Par Pierre Rubenach
Le jeu de rôle massivement multijoueur de Blizzard, qui fête son douzième anniversaire, offre une expérience de jeu immersive aussi bien aux vétérans qu’aux nouveaux venus.
« Legion », la sixième extension de « World of Warcraft », est sortie le 30 août. | Blizzard
On peut être vieux et attirant. World of Warcraft (WoW), sorti le 23 novembre 2004, célèbre ses 12 ans et affiche pourtant toujours une belle santé. Et dans le monde des jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs (MMORPG ou MMO), dont l’acte de naissance se situe à la fin du siècle dernier, une douzaine d’années est un âge vénérable.
Le titre de Blizzard, qui a connu son heure de gloire avec plus de 12 millions d’abonnés et subi depuis une certaine désaffection, n’en conserve pas moins son attrait en restant le plus populaire. Et sa sixième extension, Legion, sortie le 30 août, le confirme. Un nouveau venu dans cet univers ne risque-t-il cependant pas de se sentir complètement étranger parmi les joueurs chevronnés de la première heure ? Y aura-t-il du monde pour jouer avec lui ? Lui sera-t-il possible de rattraper le temps perdu ?
Ces questions sont légitimes si on veut se lancer dans un MMO qui a déjà une certaine longévité. Jouer à Eve Online treize ans après sa sortie relève ainsi de la gageure, tant sa prise en main est ardue et important le risque de voir les débris de son vaisseau flotter pour l’éternité dans le vide interstellaire… On peut s’orienter alors vers des jeux plus récents, proposant des univers connus, riches et intéressants, mais pas tous forcément faciles d’accès : Final Fantasy XIV (si on aime les chocobos – non, ça ne se mange pas), The Elder Scrolls Online (si on a aimé Oblivion ou Skyrim), Guild Wars 2 (si on aime le PvP – les combats entre joueurs), Star Wars : The Old Republic (si on aime… vous aurez deviné) ou même Wakfu (si on est jeune).
L’une des grandes forces de WoW est d’avoir rendu, en reprenant les codes d’Everquest, le MMO accessible au plus grand nombre. Mais au fil de ses extensions, l’univers, devenu de plus en plus vaste, laissait un sentiment de solitude au débutant, obligé d’errer dans des landes désolées afin de faire progresser son personnage – nécessaire si l’on veut pouvoir un jour aller jouer dans la cour des grands. Avec Cataclysm, l’extension sortie en 2010, l’idée fut de faire revenir vétérans et débutants sur les terres originelles, remodelées pour l’occasion. Le parti pris sera ensuite de sortir des extensions qui se présentent quasiment comme des reboots.
Commencer nu
Legion est la quintessence même de ce principe, et rend la vie vraiment facile au débutant. Pour commencer, il n’est plus nécessaire de partir de zéro et de s’infliger un fastidieux « leveling » : un « sésame » permet de propulser le personnage de son choix au niveau 100, le niveau de départ de l’extension. Les quêtes de base apportent tout l’équipement nécessaire, qui s’étoffe rapidement au fil de sa progression. On peut donc arriver nu (dans les limites de la pudeur), d’autant que l’attirail acquis au prix d’un dur labeur par les anciens joueurs devient très rapidement obsolète.
Le terrain de jeu est un nouveau continent indépendant du reste du monde, dont seule la capitale préexiste (elle est téléportée un peu partout dans l’espace et le temps, mais ça n’a pas beaucoup d’importance… En tout cas, ne confiez pas les clés de chez vous à des mages). Traditionnellement, il est découpé en zones de différents niveaux, dans lesquelles on se rend successivement au fur et à mesure de sa montée en puissance. Dans Legion, Blizzard a enfin opté pour le « scaling », c’est-à-dire que le niveau de difficulté de l’endroit où l’on se trouve et les récompenses associées s’adaptent au niveau du personnage, rendant ainsi moins linéaire la progression et augmentant l’impression de liberté.
La précédente extension, World of Draenor (2014), avait introduit le fief, sorte de « housing » – limité – à la mode Blizzard, depuis lequel on pouvait notamment envoyer des sujets en mission afin qu’ils rapportent diverses récompenses au joueur. Ainsi, même en ne jouant pas à haut niveau et disposant de peu de temps, il était possible d’acquérir des pièces d’équipement de grande valeur. Cet espace personnel avait cependant le tort d’isoler un peu les joueurs, seul en leur fief. Dans Legion, le principe en est repris mais devient désormais un domaine partagé par tous ceux jouant la même classe. Luxe ultime, une appli est disponible pour smartphone afin de gérer les missions de ses champions à distance – avouez, c’est pas mal quand on est au travail ou en cours.
Quant à l’artisanat, incontournable dans les MMO, il n’exige pas lorsqu’on débute d’obtenir les recettes originelles pour repriser des chaussettes jusqu’à obtenir l’expérience nécessaire à la confection d’objets de haut niveau. Il est tout de suite possible d’apprendre celles de Legion et d’en tirer les bénéfices.
De « casual » à « hardcore »
Une fois le niveau maximum (110) atteint, que reste-t-il à faire ? Eh bien en fait, tout. La phase de « leveling » (augmentation progressive des statistiques de son héros) ne constitue finalement qu’une sorte de préambule. Des expéditions apparaissent sur la carte de manière temporaire, et offrent des missions vite accomplies qui apportent parfois des bénéfices importants. Ainsi quel que soit le moment ou la fréquence à laquelle on joue, il y en a toujours à accomplir. Il est bien sûr aussi possible de terminer la pléthore de quêtes statiques du jeu.
WoW offre une expérience de jeu qui fonctionne par strates : aussi bien les donjons, qui se jouent en petits groupes, que les raids, qui demandent d’être nombreux, sont déclinés en plusieurs niveaux de difficulté, offrant à chaque fois des récompenses correspondantes. Si l’on commence le jeu seul, et que l’on n’a pas rejoint de guilde, il est aussi toujours possible de partir à l’aventure à toute heure grâce à la recherche automatique de groupe.
Ainsi chacun, à son niveau et selon son implication ou le temps passé, peut y trouver son compte, du joueur du dimanche, solitaire, au puriste qui arpente les raids du jeu en guilde dans ses modes les plus difficiles. Assurément, WoW n’a pas fini de souffler ses bougies.