La cour du palais des études de l’Ecole des beaux-arts, à Paris. | Jean-Pierre Dalbéra/Creative Commons

En ce lundi de novembre, dans un vaste local lumineux et haut de plafond de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Willy, Lassana, Annabelle et les autres planchent sur leurs créations. Ces 20 étudiants forment la première promotion de la prépa publique lancée en septembre par les Beaux-Arts de Paris. Jusqu’en juin 2017, ils suivront des enseignements répartis entre l’antenne de Saint-Ouen, où ont notamment lieu les cours de pratique artistique, et le site his­torique parisien de la rue Bonaparte, où ils profitent des ressources documentaires, des expositions et assistent à des cours théoriques. Objectif : décrocher le concours des Beaux-Arts, à Paris ou en province, ou celui d’autres écoles d’art, comme les Gobelins ou les Arts déco.

Jusqu’à 12 000 euros pour une prépa privée

Les Beaux-Arts de Paris souhaitent, par cette initiative financée par le ministère de la culture et la Fondation SNCF, donner une chance à des artistes en herbe qui n’auraient pas les moyens de ­s’offrir une prépa privée. Chaque année, l’école sélectionne près de 140 recrues parmi les 2 000 can­didats présentant le prestigieux concours. « Le niveau est très exigeant et il n’existe que cinq prépas publiques pour toute l’Ile-de-France, du coup, beaucoup passent par des formations privées, qui coûtent entre 7 000 et 12 000 euros par an ! C’est une première sélection par l’argent contre laquelle nous avons souhaité lutter », ex­plique Jean-Marc Bustamante, ­directeur des Beaux-Arts.

L’institution cherche également à introduire davantage de diversité sociale dans ses rangs, en allant chercher des jeunes issus de milieux plus modestes, alors que 1 % seulement des admis en 2015 ont un parent ouvrier. « Attention, nous ne faisons pas de discrimination positive, le premier critère de sélection, c’est le talent artistique », insiste néanmoins Luc Chopplet, responsable de la prépa.

Sur 122 candidatures reçues, 20 ont été retenues : 10 garçons et 10 filles, dont 15 boursiers, en partie ou totalement exonérés de frais d’inscription – autour de 450 euros. Les critères d’admission ? Avoir entre 17 et 23 ans et être titulaire du bac ou d’un diplôme équivalent au moment de l’inscription définitive, bien que des dérogations soient possibles.

« Produire et expérimenter »

C’est ainsi que Lassana, 21 ans, a pu être sélectionné. Titulaire d’un CAP signalétique, enseigne et décors obtenu en 2012, il enchaînait depuis les petits boulots, tout en continuant à pratiquer le street art, une passion depuis l’adolescence. « Je voulais me former sur le plan artistique, sans trop savoir comment m’y prendre ; j’ai suivi quelques cours aux Beaux-Arts l’an dernier, puis j’ai présenté un dossier pour cette prépa, et j’ai été pris », s’enthousiasme le jeune homme, originaire de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). « Ici, on a la possibilité de produire et d’expérimenter tout ce qu’on veut », explique-t-il en désignant l’une de ses réalisations – une série de dessins de corps, au fusain, accrochés au mur blanc.

« Tout au long de l’année, on prépare le dossier artistique que l’on présentera aux concours, on apprend à le rendre cohérent et à parler de notre travail en vue de l’oral », détaille son camarade Willy, 20 ans, qui vient du lycée autogéré de Paris. Luc Chopplet vise le carton plein : « Tous doivent décrocher une école à l’issue de la prépa. » Résultat en juin 2017.

Un dossier spécial et un Salon étudiant pour choisir sa formation artistique

Retrouvez notre dossier spécial consacré aux formations artistiques, publié progressivement sur Le Monde.fr (rubrique Ecoles d’arts) et dans un supplément à paraître dans Le Monde daté de jeudi 1er décembre, avec des analyses, des reportages dans les écoles ainsi que des témoignages d’étudiants.

Des informations à compléter lors du Salon des formations artistiques, organisé par Le Monde et Télérama, qui se tiendra les 3 et 4 décembre à Paris, grâce aux conférences et aux ateliers, et en rencontrant des responsables et des étudiants des nombreuses écoles représentées. Entrée gratuite, préinscription recommandée.