Joa lance le jeu des alliances européennes entre casinos
Joa lance le jeu des alliances européennes entre casinos
LE MONDE ECONOMIE
Désormais redressé, le numéro trois français des casinos est prêt à s’associer à un partenaire étranger
Dans le casino Joa de Montrond-les-Bains, dans la Loire. | CELIK ERKUL / PHOTOPQR/LE PROGRES
Faites vos jeux ! Entre les exploitants de casinos, la grande partie de cartes internationale est sur le point de débuter. Tel est du moins le sentiment de Laurent Lassiaz, le patron de Joa, numéro trois français du secteur derrière Barrière et Partouche. « L’étape des alliances paneuropéenne est dans la tête des dirigeants de tous les groupes dynamiques », assure-t-il, avec la ferme intention de lancer lui-même le mouvement.
Aujourd’hui, le marché européen des casinos reste assez compartimenté. « Chaque pays a sa réglementation et sa fiscalité », explique Jean-François Cot, le délégué général du syndicat professionnel Casinos de France. Les traditions nationales diffèrent aussi. En conséquence, les opérateurs varient selon les pays.
Du mouvement au Pays-Bas et en Autriche
En France, premier marché d’Europe, la quasi-totalité des 201 casinos demeure ainsi aux mains de sociétés françaises. Fin 2015, le belge Ardent a néanmoins posé un pied dans l’Hexagone en prenant le contrôle de deux établissements auparavant détenus par Barrière à Briançon (Hautes-Alpes) et Port-Leucate (Aude), auquel s’est ajouté en octobre celui de Carnac (Morbihan).
Ailleurs en Europe, d’autres changements se profilent. Aux Pays-Bas, le gouvernement espère entamer en 2017 la privatisation de Holland Casino, l’entreprise qui dispose du monopole national des jeux et exploite quatorze établissements. La porte d’entrée, peut-être, pour des groupes étrangers. « En Autriche, Casinos Austria caresse aussi des ambitions internationales », relève un professionnel.
Les dirigeants de Joa, qui tenaient un conseil mardi 29 novembre, à Paris, comptent bien participer à la consolidation qui s’annonce. « Nous sommes à l’affût d’acquisitions en France comme hors des frontières », indique le président du directoire, M. Lassiaz. Mais l’entreprise pourrait bien être elle-même achetée par un étranger : « Nous pourrions nous intégrer dans le plan d’un opérateur décidé à construire une histoire paneuropéenne », affirme le patron, comme pour lancer un appel. A destination, par exemple, de Rank et Genting, les deux groupes appartenant à des familles de Malaisie qui dominent le marché du jeu au Royaume-Uni.
Sur le papier, Joa et ses vingt-deux casinos constituent effectivement une cible de choix. Ses grands actionnaires, le britannique Alchemy et l’américain Davidson Kempner, sont de purs financiers, entrés dans l’affaire en achetant de la dette décotée. Tous deux ont vocation à quitter la table à relativement court terme. Or, le moment peut devenir propice.
Rajeunissement de la clientèle
La société lyonnaise est en effet désormais sortie des années difficiles qui avaient fait plonger ses comptes dans le rouge et l’avait contrainte à renégocier sa dette. Pour la deuxième année consécutive, ses résultats arrêtés fin octobre sont bénéficiaires. En 2015-2016, son excédent brut d’exploitation a progressé de 9 %, à 31 millions d’euros. Le chiffre d’affaires a regagné dans le même temps de 14 %, à 227 millions d’euros.
Ces performances sont dues en partie à la conjoncture : après avoir chuté de 24 % en sept ans, l’activité des casinos français s’est redressée de 2,7 % en 2014-2015 et d’environ 2,5 % en 2015-2016, selon les premières estimations. Mais Joa a surtout tiré profit de ses propres efforts de désendettement et de modernisation. Tout a été fait pour attirer des clients plus jeunes. Des casinos de nouvelle génération ont vu le jour, avec des machines à sous et des jeux classiques mais aussi des bowlings, des cinémas, des salles de réception, etc. Les restaurants ont été profondément transformés, les bars le seront bientôt.
« Grâce à tout cela, nous avons rajeuni notre clientèle de vingt ans depuis 2006, se réjouit M. Lassiaz. L’âge moyen a été ramené de 63 ans à 43 ans. Et au lieu de ne vivre que des machines à sous, nos activités de restauration et divertissement sont elles aussi rentables. » Ce n’est qu’un début, assure le président du directoire, qui vise une nouvelle hausse de 10 % du bénéfice en 2017. Avis aux amateurs.