A peine dissipé l’effet du choc Hollande, la politique ne va pas tarder à reprendre ses droits à gauche. La décision du chef de l’Etat de ne pas se représenter ouvre une brèche – un gouffre ? – pour toutes les ambitions présidentielles au Parti socialiste. Et elles sont nombreuses. A commencer par Manuel Valls, qui apparaît comme le successeur légitime en tant que chef de la majorité. François Hollande ne l’avait-il pas lui-même adoubé dans le livre Un président ne devrait pas dire ça…, des journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme ?

Mais le processus de la primaire, qui doit avoir lieu les 22 et 29 janvier 2017, semble trop engagé pour être contourné sans risques d’implosion par le premier ministre. Et la défection du président pourrait pousser d’autres candidats issus du gouvernement à sortir du bois. Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’éducation, n’avait pas fait mystère de ses intentions si pareil événement venait à se produire. Marisol Touraine clame partout que le bilan du quinquennat est avant tout celui de son ministère de la santé et des affaires sociales. Certains à gauche verraient bien Ségolène Royal reprendre le flambeau. D’autres imaginent opposer à l’austère M. Fillon le non moins sévère M. Cazeneuve. Sans parler de l’inconnue Taubira, qui a fait profession d’aphorismes ambigus. La ligne de départ est pourtant déjà bien garnie avec Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann ou encore Gérard Filoche…

La réunion de la Belle Alliance populaire à Paris, samedi 3 décembre, prend avec cette décision de M. Hollande une nouvelle dimension. Elle devait servir à acter le principe de la primaire et à en définir le périmètre. Elle apparaît désormais comme le lieu de toutes les tractations. Les responsables socialistes appellent déjà à observer un délai de décence, pour respecter le deuil du hollandisme. Mais, en coulisse, le timing ne permet pas de telles élégances : les candidats ont seulement jusqu’au 15 décembre pour se déclarer.

Les socialistes peuvent-il redéfinir leurs règles, à seulement sept semaines du scrutin pour éviter un éparpillement fatal ? Jean-Christophe Cambadélis, l’inventeur de la Belle Alliance populaire, a désormais les cartes en main. Paradoxalement, le PS, qui n’a jamais été aussi affaibli, redevient un lieu central dans la campagne qui s’annonce à gauche. Hollande a terminé le récit de son quinquennat. Les dirigeants socialistes vont se disputer l’écriture du prochain chapitre.