• Chômage : une courbe qui s’inverse… trop tard

En avril 2014, François Hollande avait conditionné une éventuelle candidature à l’élection présidentielle à « l’inversion de la courbe du chômage ». La France comptait alors 3,6 millions demandeurs d’emplois de catégorie A (sans aucune activité). Las ! Le chômage a continué d’augmenter jusqu’à atteindre 3,85 millions de personnes sans aucune activité en février 2016.

Le chômage en France depuis 2012
Nombre de demandeurs d'emploi des catégories A, B et C
Source : Pôle Emploi

Les derniers chiffres sont toutefois encourageants : le nombre d’inscrits à Pôle emploi a diminué de 100 000 en un an, si l’on considère les chômeurs de catégorie A sans aucune activité. Le bilan reste toutefois négatif en intégrant les chômeurs à activité réduite : + 21 000 en catégories A, B et C, et même + 84 000 sur l’ensemble des catégories.

 > La courbe du chômage s’est-elle vraiment inversée ?

  • Une croissance restée faible

« Oui, ça va mieux », a plusieurs fois affirmé François Hollande cette année. Après trois trimestres de récession depuis mi-2012 et deux trimestres de stagnation, l’économie française a semblé repartir en 2014 et en 2015 avant de connaître une nouvelle récession au deuxième trimestre 2016 (recul de 0,1 % du produit intérieur brut). Au troisième trimestre, le PIB a de nouveau crû de 0,2 %.

La croissance trimestrielle
Source : Insee
  • Une réduction des déficits plus lente que prévu

Le fameux objectif d’un déficit public ramené à 3 % du PIB avait été le gage du sérieux budgétaire du candidat Hollande en 2012. Il a volé en éclat pendant son quinquennat.

Initialement prévu pour 2013, le retour dans les clous du traité de Maastricht a été repoussé à de multiples reprises… et devrait être atteint à la fin de l’année 2017. Le gouvernement a prévu que le déficit public s’élève à 2,7 % du PIB, quand la Commission européenne se montre plus prudente, à 2,9 %.

Reste que la dette publique a continué de grimper, et devrait dépasser les 100 % du PIB en 2018, selon les prévisions de l’OCDE.

Les prévisions de déficit public sous le quinquennat Hollande

  • Une pression fiscale en hausse

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) s’est penché en septembre sur le bilan économique de François Hollande. Selon ses calculs, les entreprises ont bénéficié de 20,6 milliards d’euros d’allègements des prélèvements obligatoires sous son quinquennat. Alors qu’à l’inverse, les ménages ont vu les leurs augmenter fortement, à hauteur de 35 milliards d’euros.

Cette dernière tendance s’est néanmoins en partie inversée depuis 2014, grâce à des baisses d’impôts ciblées, qui ont bénéficié à 12 millions de ménages, faisant baisser leur impôt sur le revenu de 300 à 1 200 euros par an, selon les chiffres gouvernementaux. Impossible de parler, en revanche, d’une baisse de l’imposition depuis 2012.

  • Un bilan mitigé sur les sujets de société

François Hollande a commencé son mandat par la mesure symbolique du mariage pour tous, instaurant une vraie union entre homosexuels. Mais il a sous-estimé l’ampleur des réactions parmi les défenseurs du modèle familial traditionnel. Malgré de nombreuses manifestations, la loi a été adoptée dans une société divisée. Le mouvement de la Manif pour tous, né pendant les débats sur la loi, semble d’ailleurs avoir joué un rôle dans l’élection de François Fillon lors de la primaire de la droite.

François Hollande a ensuite divisé son camp en souhaitant, après les attentats de novembre 2015 à Paris, l’inscription de la déchéance de la nationalité dans la Constitution et son extension aux binationaux (nés français et non pas seulement acquise comme c’est le cas actuellement). Devant la forte opposition de sa propre majorité, il a finalement renoncé fin mars à sa réforme constitutionnelle. Au cours de son allocution de jeudi soir, dans laquelle il renonce à se présenter à l’élection présidentielle, François Hollande a admis n’avoir « qu’un seul regret : avoir proposé la déchéance de nationalité ».

Enfin, le président a fait adopter, dans une unanimité rare, sa loi sur la fin de vie - qui, sans ouvrir la voie à l’euthanasie ou au suicide assisté, a instauré un droit à la « sédation profonde et continue » et rendu contraignantes les directives anticipées pour les médecins.

  • Un consensus syndical écorné

Le quinquennat avait commencé favorablement sur le front social pour le président socialiste : les réformes de l’emploi (2013) et de la formation professionnelle (2014) avaient été élaborées sur la base d’un consensus entre les partenaires sociaux. La CFDT, qui l’avait soutenu lors de sa campagne, était alors la pierre angulaire du dialogue social version « hollandaise ».

S’il a renoncé à l’inscrire dans la Constitution comme il s’y était engagé, François Hollande a fait voter, à l’été 2015, une loi renforçant le dialogue social, qui créait de nouveaux droits de représentation pour les salariés.

Le président finit pourtant son quinquennat avec une image écornée auprès des syndicats. D’une part parce qu’il s’est rapidement appuyé sur le Medef pour construire une politique économique de baisse des cotisations patronales, avec le pacte de compétitivité (2012), puis le pacte de responsabilité (2014). Un choix contesté par une bonne partie de la gauche, qui y voyait un « cadeau » au patronat sans contreparties. Les « 1 million d’emplois » promis par le patron du Medef Pierre Gattaz en échange de cette politique n’ont jamais été concrétisés.

Mais c’est surtout avec la réforme du code du travail portée par Myriam El Khomri qu’a été acté le divorce entre François Hollande et les partenaires sociaux. Les syndicaux, y compris la CFDT, ont dénoncé un manque de concertation et un passage en force pour ce texte élaboré en grande partie à Matignon, finalement voté à l’aide de l’article 49.3 après avoir été amendé.

  • Des crises internationales inattendues

Si le retrait d’Afghanistan occupait une bonne partie du programme du candidat Hollande en 2012, le dossier est rapidement passé au second plan, tant les crises internationales se sont succédées.

Peu après son arrivée à l’Elysée, François Hollande a très vite endossé le costume de chef des armées en lançant, en janvier 2013, une intervention militaire au Mali face à l’avance d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). L’opération Serval durera jusqu’en juillet 2014.

En décembre 2013, c’est en Centrafrique que la France a lancé une intervention militaire après l’appel du président François Bozizé, qui faisait face à la menace de la rébellion Seleka. Comptant jusqu’à 2 000 soldats français, l’opération Sangaris s’est terminée en octobre 2016.

Le président français ne peut se targuer du même bilan sur le théâtre syrien. A l’été 2013, il avait préparé un projet de frappes contre le régime de Bachar Al-Assad, pour le « punir » d’avoir utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, en violation des règles internationales de la guerre. Faute du soutien de Barack Obama et des Britanniques, François Hollande avait dû renoncer et faire perdurer le statu quo en Syrie, tout en dénonçant régulièrement les crimes de guerre du dictateur syrien, soutenu par Moscou.

Deux ans plus tard, après les attentats du 13-Novembre, il a décidé d’engager l’aviation française dans les frappes de la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique en Syrie.

Enfin, François Hollande a joué avec Angela Merkel un rôle de premier plan dans le processus de paix dans la crise ukrainienne, en favorisant le dialogue entre les présidents russes et ukrainiens.

  • Des succès à confirmer pour le climat

Un point restera comme l’un des succès de la présidence Hollande : avoir réussi à organiser la conférence de l’ONU sur le climat (COP 21) à Paris en 2015 et être parvenu à un accord historique pour limiter le réchauffement sous le seuil de 2°C grâce à des engagements des Etats de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre.

L’accord n’est toutefois pas contraignant, prévoit une procédure de sortie des Etats (que le nouveau président américain, Donald Trump, a menacé de mettre en œuvre) et le prix du carbone, enjeu majeur, n’y est pas abordé. Contrairement au protocole de Kyoto, entré en vigueur tardivement, l’accord de Paris est entré en vigueur moins d’un an après sa signature grâce aux rapides ratifications.

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François Hollande a aussi respecté, sur le papier, son engagement de réduire de 50 % la part du nucléaire dans la production d’énergie française (contre 77 % en 2014). Cet objectif à l’horizon 2025 est en effet inscrit la loi de transition énergétique d’août 2015… mais il sera difficile à tenir sur le rythme actuel, notamment en raison du retard de la France en matière d’énergies renouvelables, et dépendra grandement de l’engagement du prochain locataire de l’Elysée en la matière.

Par ailleurs, deux dossiers symboliques ont empoisonné le quinquennat dans le domaine environnemental. D’une part, la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, qu’il n’a pas réussi à acter définitivement, notamment à cause de l’hostilité d’EDF. D’autre part, le très critiqué projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) a compliqué ses relations avec les écologistes, le chef de l’Etat y étant favorable. Il a finalement annoncé en février un référendum local, qui a approuvé en juin le projet.