Le plan Vigipirate évolue avec la mise en place d’un troisième niveau d’alerte
Le plan Vigipirate évolue avec la mise en place d’un troisième niveau d’alerte
Un conseil de défense réuni à l’Elysée a entériné la mise en place d’un nouveau dispositif « adapté à l’évolution des menaces ».
Université Pierre-et-Marie-Curie, métro Jussieu, à Paris, le 6 septembre 2016. | ÉRIC NUNÈS
La mesure était envisagée depuis des mois, face à un risque terroriste toujours élevé, comme l’ont montré les récentes arrestations à Strasbourg et Marseille. Mercredi 30 novembre, l’exécutif est passé à la vitesse supérieure en entérinant, lors d’un conseil de défense réuni à l’Elysée, un « nouveau plan Vigipirate adapté à l’évolution des menaces ».
Ce programme est détaillé dans une brochure publiée par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. « Depuis 2015, la menace terroriste se maintient durablement à un niveau très élevé en Europe et plus particulièrement en France », annonce en préambule le texte, qui précise ensuite comment le dispositif Vigipirate veut répondre aux « évolutions » de cette dernière, au regard des derniers attentats survenus en France :
« La multiplication des types d’acteurs (personnes radicalisées isolées, équipes opérationnelles déployées en Europe) ; la diversification des modes opératoires (attaques d’opportunité, attaques planifiées) ; la démultiplication des cibles (infrastructures, rassemblements, lieux symboliques, etc.). »
« Urgence attentat »
Le nouveau dispositif Vigipirate, dont la fonctionnement relève du premier ministre, prévoit « trois cents mesures s’appliquant à 13 grands domaines d’action, tels que les transports, la santé et les réseaux ». Certaines sont mises en place de manière permanente : surveillance des transports, des lieux publics, contrôle des accès aux sites publics.
La brochure détaille également comment le plan Vigipirate, qui avait été réduit de quatre à deux niveaux en 2014, repasse à trois niveaux. Aux deux premiers appelés « vigilance » et « sécurité renforcée/risque d’attentat » s’ajoute un troisième, plus élevé, appelé « urgence attentat ».
- Le niveau de « vigilance » correspond à une « posture permanente de sécurité » impliquant la mise en place d’un socle de cent mesures
- Le niveau de « sécurité renforcée » répond à une menace terroriste élevée ou très élevée. Il permet d’activer quelque 216 mesures additionnelles allant de la prévention (port de badges ou vérification des pièces d’identité) à l’organisation de patrouilles, d’opérations de filtrage et de fouilles.
- Le troisième niveau, appelé « urgence attentat », correspond à l’activation d’une cellule de crise en réponse à un attentat ou face à la menace immédiate d’une action terroriste. Il comprend des mesures d’exception comme la fermeture des routes, du métro, l’arrêt des déplacements scolaires.
Extrait de la brochure « Vigipirate » publiée le 30 novembre par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. | Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale
La brochure donne également certains conseils au grand public sur la cybervigilance (page 26-27), ou la posture à adopter face à de nouveaux types de menaces, comme les « drones malveillants » (page 41) ; ce qui fait écho à des nouveaux dispositifs spécifiques prévus dans la version détaillée de ce plan Vigipirate, que Le Figaro a pu consulter.
Vers une prolongation de l’état d’urgence
L’origine du dispositif Vigipirate remonte à 1978 avec une circulaire interministérielle relative « à la mise en œuvre des vigilances en cas de menaces en cas d’agressions terroristes ». Il avait été déclenché une première fois au moment de la guerre du Golfe, entre janvier et avril 1991, puis instauré de façon formelle après les attentats de 1995 à Paris.
Parallèlement à son dernier renforcement, l’Assemblée nationale doit débattre et voter le 21 décembre d’une cinquième prolongation de l’état d’urgence postattentats, souhaitée par Manuel Valls et François Hollande. Le projet de loi reconduisant ce régime controversé u-delà de son terme actuel de janvier et, en principe, jusqu’à l’élection présidentielle d’avril-mai 2017, en vigueur depuis le soir des attentats du 13 novembre 2015, sera discuté par les députés peu avant la pause des fêtes de fin d’année, avant de passer aux mains des sénateurs en début d’année prochaine.