Emmanuel Macron tente de se tailler une stature de présidentiable à New York
Emmanuel Macron tente de se tailler une stature de présidentiable à New York
Par Stéphane Lauer (New York, correspondant)
Le candidat à l’élection présidentielle, aux Etats-Unis pour quarante-huit heures, a eu du mal à esquiver les questions sur sa rivalité avec Manuel Valls.
Emmanuel Macron le 5 décembre à New York. | EDUARDO MUNOZ ALVAREZ / AFP
Difficile de s’éloigner des contingences nationales le jour où le premier ministre sous lequel on a servi annonce sa candidature à l’élection présidentielle. En visite à New York pendant quarante-huit heures, Emmanuel Macron, lui aussi candidat mais sans passer par la case primaire, a eu du mal à esquiver les questions sur sa rivalité avec Manuel Valls, malgré l’éloignement avec Paris. « Je ne vais pas faire ici de commentaires de politique nationale », a répondu sèchement le fondateur du mouvement En Marche !, lors d’une conférence de presse, lundi 5 décembre. Qu’on se le dise, l’ex-ministre de l’économie est avant tout venu aux Etats-Unis pour peaufiner sa stature présidentielle et lever quelques fonds.
M. Macron a toutefois affirmé que la candidature du premier ministre ne changeait pas la donne pour lui. « Je n’ai pas pour habitude de prendre mes décisions en fonction des autres », a-t-il déclaré peu avant de rencontrer 400 Français de l’étranger réunis à l’université de New York, quand son mouvement compterait 1 200 adhérents aux Etats-Unis.
Interrogé sur la question de sa participation à la primaire de la gauche, M. Macron a redit sa volonté de se tenir à l’écart. « Je ne vais pas changer de position. Cela serait extraordinairement malhonnête à l’égard de ceux qui, venant de sensibilités multiples, m’ont rejoint sur une proposition claire et loyale. »
Après une rencontre avec le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, une soirée de levée de fonds avait été organisée la veille par Renaud Dutreil, l’ex-ministre des PME sous Jacques Chirac, devenu aujourd’hui entrepreneur et soutien de la première heure de M. Macron. Ce dernier a justifié sa démarche en expliquant que, contrairement aux partis politiques classiques, En Marche ! ne pouvait prétendre aux dotations publiques. « J’ai aujourd’hui plus de 10 000 donateurs de 1 euro à 7 500 euros, ce qui est le plafond légal. Contrairement à ce que beaucoup ont dit, je ne dépends pas de tel ou tel financeur. Quand vous en avez plus de 10 000 et que c’est plafonné, vous n’êtes pas dépendant d’un donateur en particulier. Je le fais à New York, à Paris, à Aurillac ou à Cahors, partout où je passe », a-t-il insisté.
L’autre but de son voyage aux Etats-Unis était de prendre un peu de hauteur. « Si je suis ici, à New York, c’est que, contrairement à beaucoup de décideurs politiques français, je pense que quand on s’engage dans une campagne présidentielle, les sujets internationaux sont structurants », a-t-il affirmé. A son agenda, pourtant, peu de rencontres officielles, hormis un entretien avec le futur secrétaire général des Nations Unies, Antonio Gutterres. En revanche, si « des contacts ont été établis » avec la future administration Trump, M. Macron a glissé que « pendant cette période de transition il fallait être précautionneux », promettant que des échanges auront lieu, une fois l’équipe en place.
Le grand défilé d’Emmanuel Macron
Si l’ex-ministre de l’économie a assuré, lors d’une conférence devant des étudiants de l’université de Columbia, la nécessité de renforcer les liens transatlantiques, il a également fait part de ses préoccupations face à la nouvelle administration américaine. « Si les Etats-Unis décidaient de se désengager de l’accord de Paris sur le climat, ce serait un affaiblissement de notre initiative alors même que c’est un enjeu absolument décisif », a-t-il souligné. « La confirmation d’un désengagement américain des théâtres d’opérations du Proche et Moyen-Orient, une relation avec la Russie qui reste peu claire et des initiatives diplomatiques peu prévisibles doivent aussi nous conduire à être vigilants », a-t-il ajouté. Quant aux traités de libre-échange, il a estimé que « la conversation transatlantique n’est pas morte. Mais si elle était reprise d’un commun accord, elle devrait l’être sur des bases beaucoup plus claires, plus transparentes et plus démocratiques ».