Quand Manuel Valls assumait « des positions irréconciliables à gauche »
Quand Manuel Valls assumait « des positions irréconciliables à gauche »
Candidat à la primaire « pour rassembler la gauche », l’ancien premier ministre tenait un discours opposé il y a dix mois.
Valls assume des "positions irréconciliables" avec la gauche de la gauche
Durée : 00:41
C’est un discours qui risque de le poursuivre. Manuel Valls a beau se présenter aujourd’hui comme le candidat de « la conciliation » et de « la réconciliation » pour « rassembler la gauche » lors de la primaire, les 22 et 29 janvier, l’ancien premier ministre reste critiqué par ses détracteurs pour avoir tenu un discours opposé, il y a dix mois, lorsqu’il avait fait état de « positions irréconciliables à gauche ».
Derrière un pupitre sur lequel figurait son nouveau slogan (« Faire gagner tout ce qui nous rassemble »), lundi 5 décembre, M. Valls a regretté ses « mots durs » prononcés lors d’une réunion publique dans sa circonscription d’élection à Corbeil-Essonnes (Essonne), le 15 février 2014. Devant 200 sympathisants socialistes, il refuse ce jour-là le principe d’une primaire élargie à toutes les sensibilités de gauche :
« Le problème n’est pas d’organiser une primaire qui irait de Mélenchon à Macron. Parfois, il y a des positions irréconciliables à gauche et il faut l’assumer. Moi, je ne peux pas gouverner avec ceux qui considèrent que François Hollande, c’est pire que Nicolas Sarkozy, ou que Manuel Valls, c’est pire que Jean-Marie Le Pen. »
Dans ce discours de février, Manuel Valls vise également sans la nommer Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble et soutien de Jean-Luc Mélenchon : « Je ne peux pas gouverner avec ceux qui vont à des meetings avec [l’islamologue suisse] Tariq Ramadan, c’est-à-dire aux antipodes de ce que nous sommes », déclare-t-il.
« Une théorie hors de saison »
A gauche, plusieurs responsables politiques ont critiqué les propos de Manuel Valls, jugés trop clivants. Lui aussi candidat à la primaire, l’ancien ministre de l’économie Arnaud Montebourg a déclaré qu’il jugeait « hors de saison » la théorie selon laquelle il serait impossible de rassembler la gauche.
« François Mitterrand nous l’a expliquée, Lionel Jospin a pratiqué l’union de la gauche et des gauches. Il n’y a pas d’autre solution, y compris avec Jean-Luc Mélenchon qui, pour moi, est trop radical. […] Nous avons besoin de nous tempérer les uns les autres pour construire une stratégie alternative. »
Même tonalité critique de la part de Martine Aubry, qui, elle, ne se présentera pas à la primaire. Initiatrice du « carrefour des gauches », rassemblement organisé à Bondy le 26 novembre, la maire de Lille, ex-première secrétaire du Parti socialiste, a déclaré n’avoir « jamais cru en une gauche irréconciliable ».
« Pour moi, il n’y a pas deux gauches ou alors, s’il y a deux gauches, c’est qu’il y en a une qui est devenue de droite. […] Le problème est de savoir comment on est unis, non pas autour d’un homme providentiel ou d’une femme providentielle, mais autour de nos valeurs. »
Gérard Filoche, autre candidat à la primaire de la gauche et représentant l’aile antilibérale du Parti socialiste (PS), récuse lui aussi la thèse des gauches irréconciliables. Il estime que la primaire est ouverte « à toute la gauche et aux écologistes ». « Pas d’exclusive, ça vous concerne toutes et tous », a-t-il dit.
https://t.co/d6DaEu0IIs
— gerardfiloche (@Gerard Filoche)