Adolescents : plus d’écrans et une initiation aux drogues plus tardive
Adolescents : plus d’écrans et une initiation aux drogues plus tardive
Selon le nouveau rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, publiés mercredi 7 décembre, les deux phénomènes pourraient être liés.
Les adolescents passent près de cinq heures par jour à 11 ans et plus de huit heures par jour à 15 ans devant les écrans... Si « l’omniprésence actuelle des écrans » auprès des 11-25 ans ne fait pas office de surprise, le nouveau rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) publié mercredi 7 décembre, intitulé « Jeunes et addictions », apporte de nouveaux éléments et hypothèses intéressants.
Ce rapport, qui intègre depuis plusieurs années une analyse des pratiques liées aux écrans, note que 83 % des adolescents de 16 ans utilisent Internet au quotidien, contre 23 % dix ans plus tôt. « Surfer sur Internet apparaît aujourd’hui comme la première pratique journalière, et ce très largement devant les autres loisirs. » Une pratique qui contient différentes activités : la plus importante est d’échanger avec ses amis par des systèmes de messagerie ou sur les réseaux sociaux par exemple, mais les adolescents s’en servent aussi pour chercher de l’information ou jouer en ligne.
Ce fort usage d’Internet « ne semble pas avoir eu d’impact sur la pratique d’une activité sportive, peut-on lire dans le document. En revanche, le pourcentage de jeunes déclarant ne quasiment jamais lire est passé de 53 % en 2003 à 61 % en 2015. »
Ne pas « pathologiser » la pratique des écrans
Quant au jeu vidéo en ligne, 46 % des adolescents y jouent un peu plus de trois heures par semaine. « Il s’agit de l’activité Internet la plus sexuée : 61 % des garçons ont déclaré y avoir joué, contre 31 % des filles. » Le rapport, qui s’intéresse aux addictions, évoque une hausse des consultations auprès du réseau Consultation jeunes consommateurs (CJC) : 7 % des personnes faisant appel à ce dispositif, censé aider les jeunes en situation de dépendance, le font pour un problème lié aux jeux vidéo.
Les auteurs de cette étude se veulent toutefois très prudents et insistent sur l’importance de ne pas « pathologiser » la pratique des écrans :
« Si l’omniprésence des TIC [technologies de l’information et de la communication] dans le quotidien des plus jeunes marque vraisemblablement une rupture culturelle et générationnelle dont les effets sont encore mal connus, ces résultats soulignent la nécessité de différencier les circonstances, les contextes, tout autant que les types de pratiques qui se révèlent plurielles. Il convient donc d’éviter de “pathologiser” la pratique d’Internet ou des écrans, qui ne constitue bien sûr pas en soi un comportement problématique à l’adolescence. »
Toutefois, rappellent-ils, « bien qu’aucun consensus ne se dégage aujourd’hui quant à une caractérisation des troubles constatés, les structures de prise en charge font face à une demande croissante d’intervention pour des usages problématiques de jeux vidéo, d’Internet et, plus rarement, de jeux d’argent ».
Une initiation plus tardive aux drogues… liée aux écrans ?
Ce rapport fait aussi, toujours très prudemment, une hypothèse originale, concernant « le lien complexe entre les usages des écrans et des substances ». Il constate en effet que l’âge d’initiation aux substances a légèrement tendance à augmenter, ce qui pourrait être lié aux nouvelles pratiques numériques :
« Les récentes baisses observées parmi les plus jeunes, dans les niveaux d’usage de tabac et d’alcool notamment, pourraient y trouver une part de leur origine, les opportunités de consommer étant parfois délaissées au profit du temps passé devant les écrans. »
Pour François Beck, directeur de l’OFDT, interrogé par l’Agence France-Presse, « la génération née entre 2000 et 2005, qui a entre 11 et 16 ans aujourd’hui, passe beaucoup plus de temps connectée aux écrans que la précédente, ce qui est de nature à éloigner ces jeunes d’un certain nombre d’opportunités de consommer, notamment hors du regard des adultes référents ». Mais d’autres facteurs, ajoute-t-il, sont également à prendre en compte : la consommation en baisse de tabac et d’alcool chez leurs parents, ainsi que les campagnes de prévention.