Dès les premières semaines au pouvoir de Park Geun-hye au printemps 2013, le quotidien Chosun décrivait les « jours solitaires » de la nouvelle présidente. Alors populaire, Mme Park se réinstallait dans la résidence où elle a grandi. Sa famille avait emménagé à la Maison Bleue, le palais présidentiel, après que son père, le chef d’état-major Park Chung-hee, s’était saisi du pouvoir en 1961.

Sa jeunesse sera marquée par deux tragédies : l’assassinat de sa mère, d’abord, en 1974. Un tueur s’était levé sur la scène du Théâtre national au cours d’une cérémonie. Il manquera sa cible, son père, mais sa mère, touchée par la balle, décédera quelques heures plus tard à l’hôpital. Park Geun-hye est alors étudiante à Grenoble et reçoit un appel de l’ambassade lui disant de rentrer en Corée. Elle prendra les fonctions protocolaires d’une première dame. Puis, en 1979, c’est son père qui est abattu, Park Geun-hye a alors 27 ans.

Elle revient à la politique deux décennies plus tard, lors de la crise asiatique de 1998, disant souhaiter « sauver le pays ». Elle prend bientôt la tête de la formation conservatrice. Côté privé, elle fuit la vie mondaine, y compris après son retour à la Maison Bleue. « A cette époque, elle prenait son petit déjeuner avec son père. Désormais, elle petit-déjeune seule », écrira le journal conservateur. Elle prendra peu de rendez-vous à l’extérieur du palais présidentiel, préférant également dîner seule.

Sous l’influence de son unique confidente

Entre ces deux époques, Park Geun-hye ne s’est pas mariée et s’est éloignée de sa sœur comme de son frère. Elle ne les invitera d’ailleurs pas au palais présidentiel après s’y être réinstallée, disant officiellement vouloir éviter les conflits d’intérêts entre famille et pouvoir.

De son propre aveu, c’est son isolement qui a poussé la présidente à tomber sous l’influence de Choi Soon-sil, son unique confidente. « Vivant seule, je n’avais personne pour régler les nombreuses affaires privées qu’il fallait gérer, donc je me suis tournée vers Choi Soon-sil, qui m’a aidé depuis longtemps », expliquera la présidente le 4 novembre, en présentant ses excuses au peuple.

Son amie est alors déjà mise en examen, accusée d’avoir convaincu les grands conglomérats du pays de verser plus de 60 millions d’euros à deux de ses fondations. Mme Park, contrainte de détailler sa relation avec cette femme, la présentera comme la personne restée à ses côtés durant ses « moments les plus durs », référence à son double deuil. « J’avais baissé ma garde. En regardant en arrière, je réalise maintenant que tout cela est arrivé parce que j’ai cru en notre relation et n’ai pas examiné les choses minutieusement »

Une foule toujours plus nombreuse se réunira chaque samedi à Séoul après la révélation du scandale. Les Sud-Coréens ont perdu leur empathie pour l’orpheline associée au progrès économique que porta son père. « Des pensées tristes troublent mon sommeil la nuit », confiera la présidente. Son porte-parole précisera le 13 novembre que Park Geun-hye a « entendu les voix du peuple ». Une déclaration à prendre au sens propre : la nuit précédente, débordant les forces de l’ordre, la foule s’était rapprochée de la Maison Bleue et, depuis la résidence de son enfance où elle s’était emmurée, la présidente avait entendu la colère des citoyens se levant contre elle.