Le Canada adopte un accord a minima pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
Le Canada adopte un accord a minima pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
Le Monde.fr avec AFP
Ce texte prévoit la mise en place d’une taxe carbone progressive à partir de 2018. Deux provinces, la Saskatchewan et le Manitoba, ont refusé de le signer.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau s’est exprimé lors d’une conférence de presse donnée à Ottawa (Ontario) le 9 décembre. | CHRIS WATTIE / REUTERS
Un accord a minima et à la carte a été finalisé vendredi 9 décembre entre le gouvernement fédéral canadien et les provinces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de respecter la ratification de l’accord de Paris sur le climat.
Deux provinces sur les dix de la confédération, la Saskatchewan et le Manitoba, ont cependant refusé de signer cet accord basé sur l’imposition d’une taxe carbone progressive à partir de 2018 ou de mettre en place des mécanismes équivalents de réduction des émissions.
Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé la conclusion, avec les responsables des dix provinces et trois territoires, un « cadre qui comprend des mesures réelles et concrètes pour construire une économie forte et propre ». Mais, a-t-il nuancé lors d’une conférence de presse, la taxe carbone « n’est pas une mesure suffisante pour atteindre les cibles ambitieuses de l’accord de Paris ».
Des mesures adaptées pour la Colombie-Britannique
« Pour y arriver, nous devrons faire plus », a reconnu M. Trudeau qui reste inflexible et assure vouloir imposer la tarification du carbone aux provinces qui refusent de signer. « C’est un moyen pour le Canada de remplir ses obligations » et le prix décidé en octobre de 10 dollars la tonne dès 2018 – pour passer progressivement à 50 dollars en 2022 –, « va s’appliquer » à tous, a affirmé M. Trudeau.
Le Canada a pris l’engagement de réduire les émissions de GES de 30 % d’ici 2030, par rapport à 2005. A un peu plus de 700 millions de tonnes, ces émissions pèsent moins de 2 % du total mondial mais sont d’environ 200 millions de tonnes supérieures aux engagements pris par le Canada à Paris.
Le gouvernement Trudeau a dû abaisser ses ambitions afin d’obtenir la signature de la Colombie-Britannique qui refusait de payer plus que les autres provinces en raison de son avance sur l’environnement. Cette province qui a mis en place une taxe carbone depuis huit ans, a obtenu dans une annexe « le droit en 2020 d’analyser (…) les niveaux d’équité » entre les provinces et de prendre « les mesures appropriées pour la Colombie-Britannique », a déclaré sa première ministre Christy Clark.
Ce mécanisme permettrait alors de décider d’augmenter « notre taxe sur le carbone de 10 ou 20 dollars » la tonne, ou de prendre « d’autres mesures pour obtenir des réductions plus importantes au niveau des émissions de GES », a-t-elle ajouté.
La compétitivité défendue
Le dirigeant de la Saskatchewan, le conservateur Brad Wall, est resté inflexible, pas question de signer un accord quand le président élu des Etats-Unis Donald Trump pourrait décider de détricoter les réglementations contre le changement climatique.
Il en va de la compétitivité des agriculteurs de cette province à la frontière avec le Dakota du Nord aux Etats-Unis ou des entreprises productrices d’engrais agricoles comme la potasse. Si sur cette dernière, « Vladimir Poutine en Russie ne met pas de taxe sur le carbone ou si nos agriculteurs ont une taxe de 80 000 dollars, alors ils ne peuvent pas rivaliser avec leurs homologues américains », a conclu Brad Wall.