Règlement de comptes sur les bords de la Garonne pour un vol d’ecstasy
Règlement de comptes sur les bords de la Garonne pour un vol d’ecstasy
Par Florence Moreau (Bordeaux, correspondance)
Le corps d’un homme de 28 ans tué par balles lors d’une « expédition punitive violente » a été retrouvé sur un banc de vase le 23 novembre.
C’est un sombre polar mêlant amour, trahison, argent, drogue et meurtre que mettent au jour les gendarmes de la section de recherches de Bordeaux, depuis la découverte d’un cadavre sur un banc de vase de la Garonne. Le 23 novembre, le corps d’un homme, simplement vêtu d’un caleçon et de chaussettes, était découvert à Podensac, commune de 3 000 habitants, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux. Le cadavre, qui ne semblait pas avoir séjourné longtemps dans l’eau, était comme posé dans le lit de la Garonne alors à marée basse.
L’autopsie n’a pas tardé à révéler de nombreuses ecchymoses et deux projectiles à l’intérieur de la boîte crânienne. Une enquête criminelle a donc été ouverte pour homicide, dans un département peu habitué à ce genre de règlement de comptes.
Connu comme « évoluant dans le milieu des stupéfiants », Kamel Djanti, 28 ans, a été identifié grâce à ses empreintes.
« Les premières investigations ont permis de mettre en évidence que les faits étaient la conséquence d’une expédition punitive violente », liée « à un trafic et à un vol de produits stupéfiants, dans un milieu d’usagers revendeurs de stupéfiants souvent marginalisés », décrit la procureure de la République de Bordeaux, Marie-Madeleine Alliot.
L’histoire commence par le vol de près d’un kilo de MDMA – de l’ecstasy –, le 19 novembre, par la victime et un complice, chez une « nourrice », un Girondin de Langoiran chargé de garder le produit chez lui. Mise dans la confidence, la colocataire et ex-petite amie de Kamel Djanti imagine alors de voler le voleur. Et ce rapidement, avant que les propriétaires légitimes ne remettent la main sur le produit et leur cambrioleur.
Elle charge deux complices d’aller s’emparer de la drogue… Mais, quand ces deux jeunes arrivent au domicile de Kamel Djanti, la drogue a disparu. Quelqu’un est visiblement passé avant eux. Et l’occupant des lieux est absent. Ils ne le savent pas, mais il est déjà mort.
Deux balles dans la tête
Selon les investigations des gendarmes, Kamel Djanti avait été rejoint à son domicile, dans la nuit du 21 au 22 novembre, par plusieurs personnes venues récupérer la marchandise volée. La demande d’explication a vite tourné à la correction pour l’exemple. Frappé violemment, notamment avec un marteau retrouvé ensanglanté dans une voiture, il aurait ensuite été conduit dans un bois puis abattu de deux balles dans la tête, tirées à bout touchant.
A ce jour, onze personnes, dont deux femmes, ont été identifiées, localisées jusqu’en Espagne, interpellées par vagues successives, déférées, mises en examen et incarcérées provisoirement dans différentes maisons d’arrêt de la région. Certaines ont été mises en examen pour séquestration ou pour meurtre en bande organisée, d’autres pour trafic de drogue, d’autres encore pour association de malfaiteurs et vol aggravé.