Vers un allongement du temps de travail dans les usines Renault en France
Vers un allongement du temps de travail dans les usines Renault en France
LE MONDE ECONOMIE
Le futur « contrat d’activité » du constructeur divise les syndicats.
Les propositions sont sur la table, il ne reste plus qu’à signer. Mardi 13 décembre, la direction et les syndicats représentatifs de Renault (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC) ont bouclé leur neuvième – et dernier – round de négociations sur un « contrat d’activité pour une performance durable en France » pour 2017-2019. Cet accord prendrait le relais du précédent, signé en 2013, et qui arrive à échéance à la fin de 2016.
Conformément au calendrier prévu, un projet a été défini pour les trois ans à venir. Il passe en revue six grands chapitres : l’activité en France, le nombre d’emplois, la reconnaissance du personnel, la qualité de vie au travail, le dialogue social et le délicat sujet du temps de travail.
Pour la première fois dans les usines Renault, un allongement obligatoire de la « séance » de travail serait mis en place. Cet « overtime », pour reprendre le jargon en vigueur, serait limité à une heure, permettant aux usines, qui tournent actuellement à plein régime, de s’adapter aux pics de production. A cela s’ajoutent des potentiels samedis travaillés, mais qui, eux, le seront sur le principe du volontariat.
Réduire l’intérim de 50 %
L’organisation du travail a fait l’objet d’âpres discussions. Sous la pression des syndicats, la direction a renoncé, en novembre, à un premier projet de modulation annualisée du travail, puis réduit l’« overtime » de deux à une heure, lors de la dernière séance.
« Nous sommes parvenus à faire accepter un plafond de huit séances supplémentaires par personne et par mois et à un maximum de 50 séances par an », se félicite Franck Daoût, délégué syndical central CFDT.
En contrepartie, la direction s’engage non seulement à maintenir l’activité en France, mais promet un nouveau modèle par usine et une nouvelle plate-forme à Flins (Yvelines) et à Maubeuge (Nord). Les sites en difficulté de Ruitz (Pas-de-Calais) et de Villeurbanne (Rhône) sont sécurisés. Le tout est assorti de 500 millions d’investissements pour robotiser les usines. De plus, Renault assure que 3 600 personnes seront embauchées en CDI sur cette période de trois ans, soit 600 de plus que dans la proposition initiale.
Autre point crucial pour la direction, en plus de la flexibilisation du travail, c’est l’augmentation de la qualité. Elle passe par la réduction de l’emploi intérimaire, qui représente 50 % des effectifs sur les chaînes de montage. L’objectif est de réduire l’intérim de 50 %, soit 4 500 intérimaires en moins d’ici à 2020.
« Progrès substantiels »
Les représentants syndicaux vont maintenant se tourner vers leurs équipes pour prendre la température de la base. Du côté de la CGT, la position est d’ores et déjà connue. Ce sera non.
« On nous demande de parvenir à une productivité de 90 véhicules par personne et par an, contre 62 aujourd’hui, soit une hausse de 45 %, calcule Fabien Gâche, délégué central CGT. Quelle contrepartie pour les salariés ? Aucune. »
Du côté des autres représentants syndicaux, on met en avant des « avancées significatives », pour reprendre les termes de Bruno Azière, de la CFE-CGC, le premier syndicat de Renault.
« L’engagement de faire produire des boîtes de vitesse automatiques sur le site STA de Ruitz est très important pour nous », indique Franck Daoût (CFDT).
Du côté de FO, la négociatrice Mariette Rih, souligne également des « progrès substantiels ».
Avec trois syndicats favorables, la voie semble dégagée pour un accord signé avant le 15 janvier 2017. Reste à rédiger le texte dans les détails et, surtout, à faire accepter la nouvelle organisation du travail aux salariés.
« Le mécontentement est très important », affirme la CGT. « Il est certain qu’il peut y avoir des frictions, reconnaît un négociateur. Surtout sur les séances supplémentaires obligatoires. »