TV : « Les Mondes perdus » révèlent des dinosaures à plumes
TV : « Les Mondes perdus » révèlent des dinosaures à plumes
Par Joël Morio
Notre choix du week-end. Trois films reviennent, grâce à des images de synthèse spectaculaires, sur les récentes découvertes en paléontologie (samedi 17, à 20 h 50, sur Arte)
Anchiornis est un genre éteint de dinosaures à plumes de la famille des troodontidés dont le nom signifie « presque oiseau ». Il a été découvert en Chine. | © Saint Thomas Productions
Même si le titre – « Les Mondes perdus » – est un clin d’œil au roman d’Arthur Conan Doyle comme au film de Steven Spielberg (deuxième volet de la saga Jurassic Park), c’est bel et bien un documentaire scientifique que nous proposent Bertrand Loyer et Emma Baus. Ou plutôt une série, comportant trois enquêtes fouillées sur les dinosaures, avec des scènes spectaculaires recréant en images de synthèse paysages et animaux disparus depuis des millions d’années.
Au fil de cette trilogie, les auteurs nous conduisent auprès des chercheurs qui sont parvenus à résoudre trois grandes énigmes de la paléontologie. Ils nous racontent comment les scientifiques ont trouvé les ancêtres des oiseaux, puis nous expliquent de quelle manière sont apparus les premiers mammifères. Enfin, ils reviennent sur les véritables causes de la disparition des insectes géants qui dominaient la Terre, il y a de cela 320 millions d’années.
Au cours des vingt dernières années, la paléontologie a fait des bonds de géant. « Ces avancées sont liées à la découverte, à partir de 1996, de plusieurs gisements tout à fait exceptionnels dans la province du Liaoning, dans le nord-est de la Chine. Des éruptions volcaniques successives ont figé là, dans des sédiments très fins, des milliers de fossiles d’animaux morts il y a 120 à 160 millions d’années », raconte Emma Baus dans une interview à Arte Magazine.
« Pitbull du crétacé »
Des découvertes, réalisées dans le sud de la France en 2009 ont, quant à elles, remis en question la date et les raisons de la disparition de la Meganeura, une sorte de libellule géante dont l’envergure dépassait 70 centimètres. Les scientifiques ont aussi retrouvé la trace du Repenomamus giganticus, un mammifère vieux de 130 millions d’années, surnommé aujourd’hui le « pitbull du crétacé », en raison de sa capacité à engloutir de petits dinosaures. De quoi battre en brèche l’idée que les mammifères de l’époque étaient des êtres craintifs, vivant cachés des monstres qui dominaient la Terre à l’époque.
Ces trois documentaires très denses, tenus tout du long par un propos pédagogique, alternent les images de synthèse et les entretiens des scientifiques dont les découvertes ont ébranlé les certitudes que l’on pouvait avoir sur les ancêtres des animaux actuels. Pour autant, si les reconstitutions en 3D, très fidèles aux recherches les plus poussées, permettent de se faire une idée assez précise des espèces qui peuplaient notre planète il y a des centaines de millions d’années, elles sont sans doute en dessous de la réalité. En particulier en ce qui concerne la couleur des animaux, car certains pigments se conservent très mal. « Les scientifiques nous décrivent peut-être des dinosaures bien plus sombres ou plus pâles qu’ils ne l’étaient en réalité, explique Emma Baus, à l’image des fresques du Moyen Age, dont les couleurs vives se sont estompées. »
Les Mondes perdus, série docu- mentaire de Bertrand Loyer et Emma Baus (Fr., 2016, 3 × 52 min).