Après l’« escapade » d’Anis Amri, l’espace Schengen ciblé par l’opposition
Après l’« escapade » d’Anis Amri, l’espace Schengen ciblé par l’opposition
Par Cédric Pietralunga
Le Front national évoque « un djihadiste gâté par Schengen ».
A Montpellier, le 20 novembre. | PASCAL GUYOT / AFP
Quatre minutes. C’est le temps qu’il a fallu à Florian Philippot pour réagir à la mort d’Anis Amri, officialisée vendredi 23 décembre par le ministre italien de l’intérieur, Marco Minniti. « Le terroriste islamiste de Berlin abattu à Milan. Il avait déjà changé de pays ! Mettons fin à cette passoire qu’est l’Europe de Schengen », a tweeté le vice-président du Front national, avant d’évoquer « un djihadiste gâté par Schengen ».
A écouter certains responsables politiques français, l’espace Schengen est fautif : c’est à cause de lui que l’auteur de l’attentat au camion bélier de Berlin a pu traverser deux frontières en quelques heures. Destiné à faciliter la circulation des personnes, cet accord mis en œuvre en 1995 a supprimé les contrôles aux frontières entre 22 des 28 Etats de l’Union européenne, ainsi qu’avec quatre Etats associés (Islande, Norvège, Suisse, Liechtenstein).
« Incroyable »
L’« escapade [d’Anis Amri] dans deux ou trois pays a minima est symptomatique de la catastrophe sécuritaire totale que représente l’espace Schengen », a estimé Marine Le Pen. « Le mythe de la libre circulation totale en Europe, auquel s’accrochent encore mes adversaires dans cette élection présidentielle, doit être définitivement enterré », ajoute la présidente du FN, qui réitère son « engagement » de mettre fin à Schengen.
« C’est quand même incroyable qu’un terroriste recherché par toutes les polices d’Europe ait pu entrer sur le territoire national, manifestement armé, puis en ressortir, sans être inquiété, alors que nous sommes en plein état d’urgence, a aussi réagi Thierry Solère, député (Les Républicains) des Hauts-de-Seine et porte-parole de François Fillon. Nous demandons à Bruno Le Roux des explications sur cette défaillance majeure de notre chaîne de sécurité. »
Au centre des attaques, le ministre de l’intérieur a assuré que, « dès le soir de l’attentat de Berlin, [ils ont] pris les dispositions pour adapter [les] dispositifs de sécurité. Le contrôle aux frontières a été renforcé au soir même du 19 décembre sur les vecteurs routiers et ferroviaires de la frontière franco-allemande, mais aussi luxembourgeoise et suisse ». Selon M. Le Roux, 17 projets d’attentat ont été déjoués en France cette année.