Le prestigieux quotidien libanais « As-Safir » tire sa révérence
Le prestigieux quotidien libanais « As-Safir » tire sa révérence
Le Monde.fr avec AFP
Quarante-deux ans après son lancement, le journal diffusé à travers le monde arabe a publié samedi son dernier numéro.
Un kiosque de Beyrouth affiche la dernière édition d’« As-Safir », le 31 décembre. | ANWAR AMRO / AFP
Le prestigieux quotidien libanais As-Safir, diffusé à travers le monde arabe, a publié samedi 31 décembre son dernier numéro, 42 ans après son lancement et alors que les médias du pays traversent une crise financière sans précédent.
« La nation ... sans As-Safir », titrait en une le quotidien fondé un an avant le début de la guerre civile du Liban (1975-1990), connu pour ses positions panarabes et très critique de la politique des Etats-Unis dans le monde arabe. « Nous n’avons plus de fonds », avait confié en mars à l’Agence France-Presse (AFP) Talal Salmane, fondateur et rédacteur en chef du journal réputé pour son soutien au mouvement chiite libanais Hezbollah et au régime syrien.
Avec son slogan « la voix des sans voix », As-Safir avait accueilli dans ses colonnes les plus grands intellectuels arabes, comme les poètes syrien Adonis et palestinien Mahmoud Darwich.
D’après ses employés, le quotidien a promis de leur verser des compensations à la mi-janvier.
En plus de la crise mondiale que connaît la presse écrite à l’âge du numérique, les quotidiens libanais, autrefois gloire de la presse arabe, souffrent de la forte baisse des fonds accordés par des régimes aujourd’hui disparus ou vacillants après le « printemps arabe ».
Le quotidien « An-Nahar » également en difficulté
Les difficultés financières n’épargnent pas non plus le rival d’As-Safir, An-Nahar, le plus ancien quotidien libanais, en circulation depuis 1933. Vendredi, une quarantaine d’employés ont reçu une lettre de l’administration les priant de ne plus se rendre au travail à partir de janvier jusqu’à ce que « la crise économique » du quotidien soit réglée, précisant toutefois « qu’il ne s’agit pas d’un licenciement ». Cela fait près de 15 mois que An-Nahar ne paie plus les salaires.
La presse écrite « connaît une crise nationale majeure à laquelle l’Etat doit faire face », a estimé vendredi le syndicat des journalistes dans un communiqué. « La presse libanaise représente la mémoire nationale du Liban (...), cette richesse culturelle ne doit pas être sacrifiée », souligne le syndicat, qui précise que « des milliers de familles sont menacées » par la crise.