A chaque mois de janvier, le constat est le même : l’année qui se profile pour les joueurs peut sembler excitante, mais rarement surprenante, tant l’industrie se plaît à creuser les mêmes sillons, à donner des suites aux mêmes jeux, plutôt qu’à se risquer à développer de nouveaux univers. La raison en est simple, les éditeurs, après tout, donnent aux joueurs ce qu’ils demandent. Difficile aussi d’en vouloir aux joueurs, qui, au moment du passage en caisse, préfèrent investir dans une valeur sûre plutôt que dans un improbable challenger.

Alors oui, les joueurs retrouveront cette année le traditionnel épisode annuel de Call of Duty ou de FIFA, et assisteront sans doute à l’énième retour d’Assassin’s Creed. Mais sauf surprise, c’est le jeu de cowboys Red Dead Redemption II qui devrait battre tous les records cet automne sur PlayStation 4 et sur Xbox One, comme l’avait fait le précédent jeu du studio Rocktar, Grand Theft Auto V, en 2013.

L’année devrait aussi être marquée par la sortie de Breath of the Wild, le nouvel épisode de la série Zelda – tout de même le neuvième épisode majeur sur console de salon. Ce jeu pour Wii U et Nintendo Switch va avoir la lourde tâche de succéder à Skyward Sword, épisode en demi-teinte du jeu d’aventure. Sans date de sortie précise, il pourrait potentiellement être disponible dès le mois de mars.

Sont également attendus, le cinquième Persona (sortie prévue le 4 avril sur PS3 et PS4), le quatrième Mass Effect et un nouvel épisode de la série Divinity, dont la généalogie est si contrariée qu’on a renoncé à la comprendre et encore plus à la numéroter.

Trois jeux de rôle aux propositions radicalement différentes : si Mass Effect Andromeda et Divinity Original Sin II (tous deux prévus sur PC, PS4 et Xbox One) flirtent avec les thèmes bien connus de la science-fiction et de la fantasy médiévale, le déjanté Persona V explore simultanément la vie étudiante japonaise et un univers parallèle fantasmagorique et cauchemardesque.

« Persona V », disponible le 4 avril sur PlayStation 3 et PS4. | Atlus

Revenir d’entre les morts

Mais dans le jeu vidéo, il n’y a pas que des déclinaisons très attendues il y a aussi, et cela constitue dans l’industrie une sorte de sommet d’audace, des suites que personne n’a vues venir. Prévu pour le 10 mars en Occident sur PS4 et plus tard sur PC, Nier : Automata semble revenir d’entre les morts. Le studio responsable du premier opus ayant été dissous entre-temps, le jeu a en effet été récupéré par les mercenaires de PlatinumGames, capables du pire comme du meilleur. Une version de démonstration mise à disposition du public à Noël à dissiper les craintes des fans : il semble, cette fois, que les Japonais sont très en forme.

A propos de fans, ceux de Snake sont quant à eux plus circonspects depuis l’annonce de Metal Gear Survive, le prochain volet de ses aventures pour PC, PS4 et Xbox One. Personne ne pensait que la série de jeux d’infiltration survivrait au départ de son créateur, le fantasque Hideo Kojima, remercié en 2015. Avec ou sans lui, l’éditeur japonais a pourtant décidé de remettre le couvert avec ce nouvel épisode, révélé à la surprise générale en août et prévu pour cette année.

« Nier Automata », disponible le 10 mars sur PS4. | Square Enix

La prudence est aussi de mise avec Shenmue III : on était sans nouvelle de la série depuis 2001 et l’arrêt de la production de la Dreamcast, la dernière console de Sega. Le jeu culte devrait normalement s’offrir une résurrection cette année sur PC et PS4, même si la communication erratique du studio et des premiers aperçus peu enthousiasmants incitent à la retenue. On attend ces nouvelles aventures de Ryo Hazuki pour décembre.

Sonic, autre figure indissociable de la marque Sega, va lui aussi faire, au printemps, le coup du come-back sur PC, PS4 et Xbox One. Qu’on ne se méprenne pas, la mascotte de Sega n’a jamais abandonné ses joueurs. Mais avec Sonic Mania, le hérisson le plus rapide du monde déclare, dès les starting-blocks, forfait dans la course à la technologie.

Pour la première fois depuis 1994 (si on oublie les épisodes Game Boy Advance), il renoue en effet avec le look de ses premiers épisodes, avec deux dimensions de rigueur et gros pixels rétros. Un moyen de renouer avec son cœur de cible : le joueur nostalgique déçu par vingt ans d’aventures 3D diversement convaincantes.

Quid du rival historique de Sonic, Mario ? Si on ne l’a plus vu à l’affiche d’une aventure « majeure » depuis 2010 et Super Mario Galaxy II, il pourrait lui aussi revenir dès le mois de mars. Si Nintendo s’est refusé à tout commentaire, le constructeur japonais a en effet laissé entrevoir un prototype de jeu mettant en scène le célèbre plombier dans la vidéo d’annonce de sa prochaine console, la Switch.

« Sonic Mania », disponible au printemps sur PC, PS4 et Xbox One. | Sega

De nombreux transfuges

L’année 2017 c’est aussi des suites qui ne disent pas leur nom. Il en va ainsi de Thimbleweed Park, suite spirituelle des jeux d’aventure des années 1980-1990 développées par les employés de George « Star Wars » Lucas. Un hommage appuyé, donc, aux jeux d’aventure Maniac Mansion, Zak McKracken et autres Monkey Island, qui devrait sortir avant le printemps sur PC, Xbox One et supports mobiles.

Le cas Torment : Tides of Numenera est assez typique. Faute d’en posséder les droits, c’est sous ce nom que le studio InXile dissimule (à peine) le successeur de Planescape Torment, jeu de rôle culte de la fin des années 1990. Développé par des transfuges de l’équipe originale, et prévu pour le 28 février, Tides of Numenera, s’il se déroulera dans un nouvel univers, devrait nous donner autant de plaisir que son aîné en nous baladant de dimension en dimension. Sans surprise, il devrait également être aussi bavard. Plus étonnant pour un jeu de rôle « à l’ancienne » : il sera évidemment disponible sur PC, mais aussi sur PS4 et Xbox One.

Même punition pour Yooka-Laylee, prévu pour le 11 avril sur PC, PS4, Xbox One et Switch, et qui, si les règles de la propriété intellectuelle étaient plus souples, aurait aussi bien pu s’appeler Banjo-Kazooie IV. Prenez le célèbre jeu de la Nintendo 64, remplacez ses héros, un ours et un oiseau, par un caméléon et une chauve-souris : le résultat, c’est le premier jeu du studio britannique Playtonic Games. Un studio tout neuf mais pas franchement constitué de perdreaux de l’année : on y retrouve en effet de nombreux transfuges de Rare, les développeurs, à l’époque, de Banjo-Kazooie.

« Yooka-Laylee », disponible le 11 avril sur PC, PS4, Xbox One et Switch. | Team17

Quant à Prey, c’est tout l’inverse. S’il a repris le nom du premier épisode, sorti en 2006, il ne conserve absolument rien de l’univers ni de l’esprit de l’original. Tout juste est-il vaguement question d’extraterrestres. Pour le reste, ce jeu de tir futuriste, que l’on doit aux développeurs de l’excellent Dishonored, s’annonce davantage comme un hommage au séminal System Shock II. Prévu sur PC, PS4 et Xbox One.

Pour finir, on pourrait presque, avec un soupçon de mauvaise foi, mettre dans le même panier de la quasi-suite le charmant Night in the Woods. Prévu pour début février sur PC et PS4, le jeu du modeste studio indépendant Infinite Fall a le potentiel pour s’imposer comme l’une des sensations de 2017. Le joueur y explore un monde animalier et charmant dans la peau d’un jeune chat adepte de l’école buissonnière – un univers déjà aperçu dans les deux précédents jeux (gratuits) du studio, Longest Night et Lost Constellation.

Du neuf avec du vieux

Si même les indépendants s’y mettent, alors que restent-ils de l’audace ? Pas de panique, 2017 verra aussi débarquer son lot de titres résolument nouveaux et, a priori, surprenants. A l’image de Tacoma, prévu pour le printemps sur PC et Xbox One, qui transportera le joueur dans une station orbitale mystérieusement désertée. Une aventure qui, comme le précédent jeu du studio Fullbright, le révolutionnaire Gone Home, s’annonce comme une aventure narrative avant tout.

Il faudra aussi surveiller Below, nouveau titre de l’excellent studio Capybara prévu sur PC et Xbox One, qui n’est pas sans évoquer une relecture sombre, désespérée et minimaliste de Zelda. Une influence également assez évidente lorsqu’on regarde les visuels du sinon solaire Rime. On a pu croire ce jeu espagnol dans l’impasse, condamné à l’oubli avant même sa sortie, par la faute d’un développement capricieux et d’éditeurs trop frileux. Que nenni : il sortira finalement en mai prochain sur PC, PS4, Xbox One et Switch.

« Rime », disponible en mai sur PC, PS4, Xbox One et Switch. | Grey Box / Six Foot

On attend aussi avec impatience la nouvelle production du toujours impeccable Klei Entertainment (Mark of the Ninja, Don’t Starve, Invisible Inc.), capable de revisiter tous les genres avec un succès égal. Leur prochain titre pour PC, Oxygen not Included, devrait mettre le joueur aux commandes d’une station spatiale, avec pour mission de veiller à sa bonne gestion.

Pas de jaloux : l’originalité, même les « gros » développeurs s’y risquent parfois, avec par exemple le jeu PS4 Horizon : Zero Dawn. L’univers du nouveau titre de Guerrilla Games, à la fois coloré et post-apocalyptique, peuplé d’étranges dinosaures robots, est ainsi à des années-lumière de l’ambiance de leur très sombre série à succès Killzone.

Mais surtout, réservons-nous le droit d’être surpris : 2017 devrait, comme 2016, voire débarquer à l’improviste des titres promis à un grand avenir. Qui avait entendu parler avant leur sortie de Stardew Valley, Oxenfree ou Thumper, certains des meilleurs titres de l’année passée ?