• Matthias pintscher
    Bereshit. Uriel. Songs from Solomon’s Gardens
    Evan Hughes (baryton), Ensemble intercontemporain, Matthias Pintscher (direction).

Pochette de l’album « Bereshit », composition de Matthias Pintscher, accompagnée d’« Uriel » et « Songs from Solomon’s Gardens » par Evan Hughes (baryton), Ensemble intercontemporain, Matthias Pintscher (direction). | ALPHA CLASSICS/OUTHERE

Chantre d’une mystique de l’art-cosmos, peintre du clair-obscur instrumental, poète de l’amour illuminé… Tel apparaît successivement Matthias Pintscher dans cette manière d’autoportrait en trois temps que le compositeur (né en 1971) brosse avec une incroyable énergie à la tête de l’Ensemble intercontemporain, formation dont il est l’actuel directeur musical. Bereshit, qui emprunte son titre à la notion de commencement dans la Torah, s’apparente à une succession d’amorces, toutes plus saisissantes les unes que les autres. Uriel consiste en un duo qui manie le burin (piano) et le pinceau (violoncelle) pour s’exprimer sous l’égide de Barnett Newman, le maître américain du Colorfield Painting. Développé sur des paroles du cantique des cantiques chanté en hébreux, le cycle Songs from Solomon’s Gardens évolue avec force convulsions jusqu’à une fin irrésistible. Pierre Gervasoni

1 CD Alpha Classics/Outhere. www.matthiaspintscher.com

  • Childish gambino
    Awaken, My Love !

Pochette de l’album « Awaken, My Love ! », de Childish Gambino. | GRACENOTE-CAROLINE RECORDS

Ça faisait longtemps que le rappeur Childish Gambino, de son vrai nom Donald Glover, rêvait de chanter. En plus d’être un remarquable acteur, récemment vu dans la série Atlanta, il se révèle ici un interprète avec une large palette de chants. Pas question de minauder comme son collègue Drake. Il peut être un de ces hurleurs à la manière des chanteurs soul, comme sur le titre d’introduction Me and Your Mama, aussi émouvant qu’un Donny Hathaway ou un Ron Isley sur Have Some Love ou Redbone. C’est le compositeur suédois Ludwig Goransson, qui avait déjà travaillé avec lui sur ses précédents albums et à qui on doit les musiques des films de Ryan Coogler, Fruitvale Station et Creed, qui a trouvé l’écrin parfait pour Gambino. Expérimentale, sa musique emprunte aussi bien au groupe Parliament qu’à Sly and the Family Stone, elle fait appel à des instruments qu’on a plutôt l’habitude de voir dans des orchestres symphoniques comme les flûtes et clarinettes de Stand Tall. Childish Gambino n’en oublie pas pour autant son humour, comme dans cette chanson caustique sur une jeune fille qui veut déménager en Californie. Cet Awaken, my Love ! sorti en fin d’année est plus qu’une réussite. Stéphanie Binet

1 CD Gracenote-Caroline Records. www.facebook.com/donaldglover/

  • Brian Eno
    Reflection

Pochette de l’album « Reflection », de Brian Eno. | OPAL-WARP

Entre janvier 1974 et décembre 1977, après sa participation à Roxy Music, Brian Eno avait enregistré sous son nom quatre albums, impeccable union entre la pop sophistiquée du groupe britannique et diverses expérimentations. Il avait gardé la structure de chansons, un rapport mélodico-rythmique proche du rock et la pop, en particulier dans les deux premiers titres, Here Come The Warm Jets et Taking Tiger Mountain by Strategy. Puis il s’est tourné vers une expression généralement instrumentale, illustration de divers concepts, thématiques (musiques pour aéroport, Apollo…) ou installation sonore. Le tout, souvent sous l’étiquette d’ambient music, relevant du minimalisme et de la musique planante. La plupart du temps, cela s’est révélé assez ennuyeux, en particulier lorsque l’étirement de la durée est convoqué. C’est le cas dans les 54 minutes de Reflection, à peu près aussi statiques qu’avaient été les 60 minutes de Thursday Afternoon (1985) ou les près de 58 minutes de Neroli (1993). Pour le retour à la forme chanson, qu’Eno a pratiquée à deux ou trois reprises, sans égaler ses débuts, ce sera peut-être pour une autre fois. Sylvain Siclier

1 CD Opal-Warp. warp.net/